The artists
Philippe Dereux81
Fred Deux8
Lou Dubois29
Erro41
Joaquin Ferrer9
Yolande Fievre37
Leonor Fini44
Johann Fischer97
Esteban Frances62
Eugène Gabritschevsky71
Madge Gill10
Henri Goetz109
Guy Harloff28
Karel Havlicek98
Jacques Hérold45
Yoshiko Hirasawa57
Emile Josome Hodinos11
Josef Hofer77
Stanislas Holas100
Vojislav Jakic12
Siegfried Klapper13
Rosemarie Koczy80
Jacques Lacomblez54
Yves Laloy46
Sylvain Larrière79
Jacques Le Maréchal107
Stanislao Lepri15
Ljuba48
Waldemar Lorentzon17
Gherasim Luca87
Lou Dubois
France
1955
Surrealism
Entomologiste mésestimé, atteint de calembourite aiguë et incurable, le petit Lou Dubois est allé voir ailleurs. Poète, artiste, il ouvre des mondes d’une infinie vastitude dans des cabinets de curiosité compressés.
Le collage, c’est d’abord le découpage. Montées comme des films, les images basculent dans le grand vide et subissent des commentaires vertement sentis. Il vous plie L’autre et amont en un parapluie, une machine à coudre, un écorché et quelques verres.
Il fait montre d’un érotisme discret et courtois mais juge mal les belles-mères, les affublant de crucifix turgescents et de saucisses pendantes. Les cerveaux sont occupés par des objets inappropriés. Erudit mélancolique, il amuse et émeut de ses brillantes sotties. Mais le pire c’est qu’il découpe les enfants pour en faire des images.
Redevenu sérieux, il contribuait à feue la revue Supérieur inconnu, et expose à la galerie des Yeux fertiles.
Jöelle Busca
Le collage, c’est d’abord le découpage. Montées comme des films, les images basculent dans le grand vide et subissent des commentaires vertement sentis. Il vous plie L’autre et amont en un parapluie, une machine à coudre, un écorché et quelques verres.
Il fait montre d’un érotisme discret et courtois mais juge mal les belles-mères, les affublant de crucifix turgescents et de saucisses pendantes. Les cerveaux sont occupés par des objets inappropriés. Erudit mélancolique, il amuse et émeut de ses brillantes sotties. Mais le pire c’est qu’il découpe les enfants pour en faire des images.
Redevenu sérieux, il contribuait à feue la revue Supérieur inconnu, et expose à la galerie des Yeux fertiles.
Jöelle Busca
Erro
Iceland
1932
Surrealism
« Mon premier nom d'artiste était Ferro. Je l'avais trouvé à la suite d'un voyage en Espagne, en 1952. J'avais alors vécu une semaine dans un village, Castel del Ferro. J'avais trouvé ce nom très beau, d'autant plus qu'en islandais, "fer ro" signifie "la tranquillité qui part". Je ne savais cependant pas qu'à Montmartre il y avait un artiste brésilien, Gabriel Ferraud. Or il y a une loi en France, de la période de Vichy, qui stipule que les étrangers ne peuvent pas prendre le nom d'un artiste déjà existant. J'ai donc eu un procès, que j'ai perdu deux fois. Avec Jean-Jacques Lebel, on a alors pensé écrire ce nom avec trois "r", mais cela n'a pas été accepté. Finalement, au tribunal, on a décidé d'enlever le "F". Cela m'a plu. Et en islandais "er ro" veut dire "maintenant c'est calme" »1.
Il étudie l'art de 1949 à 1954 à Reykjavik, puis à Oslo en Norvège et à Florence en Italie. En 1955, il entre à l'École de mosaïque de Ravenne. Il s'installe à Paris en 1958 où il rencontre des artistes, des écrivains et des critiques liés au mouvement surréaliste : Breton, mais aussi Matta, Brauner, Masson, Max Ernst, Man Ray, Miro et Duchamp.
Erró fut l'époux de Myriam Bat-Yosef, avec laquelle il eut une fille en 1960.
En 1962, il publie Mecanismo, mécamanifeste, 100 poèmes mécaniques, et un manuel de mécanique pour le collège Mécascience pour le mécacours moyen.
En 1962-1963, il réalise décors et masques pour le film d'Éric Duvivier Concerto mécanique pour la folie ou la folle mécamorphose. Entre 1964 et 1967, il réalise son premier film Grimaces.
De 1963 à 1965 : Erró participe à des interventions artistiques avec son ami Jean-Jacques Lebel. Lui-même est l'auteur de plusieurs interventions artistiques. En octobre 1963, il inaugure une exposition personnelle avec le happening «Les Critiques d'art». À l'American Center de Paris, en 1964, il réalise le happening Gold Water.
En 1982, il est invité à réaliser une fresque géante à Angoulême.
En 1986, il représente l'Islande à la Biennale de Venise.
En 1989, il fait une importante donation d’œuvres d’art et d’archives personnelles à la Ville de Reykjavik. Ce fonds est géré par le Musée d'Art de la ville de Reykjavik (Reykjavik Art Museum).
En 2014, il expose avec ses amis Jean-Jacques Deleval et Speedy Graphito à l'Arsenal de Soisson
En 2016, il expose en solo à la Galerie Perrotin à New York
Il étudie l'art de 1949 à 1954 à Reykjavik, puis à Oslo en Norvège et à Florence en Italie. En 1955, il entre à l'École de mosaïque de Ravenne. Il s'installe à Paris en 1958 où il rencontre des artistes, des écrivains et des critiques liés au mouvement surréaliste : Breton, mais aussi Matta, Brauner, Masson, Max Ernst, Man Ray, Miro et Duchamp.
Erró fut l'époux de Myriam Bat-Yosef, avec laquelle il eut une fille en 1960.
En 1962, il publie Mecanismo, mécamanifeste, 100 poèmes mécaniques, et un manuel de mécanique pour le collège Mécascience pour le mécacours moyen.
En 1962-1963, il réalise décors et masques pour le film d'Éric Duvivier Concerto mécanique pour la folie ou la folle mécamorphose. Entre 1964 et 1967, il réalise son premier film Grimaces.
De 1963 à 1965 : Erró participe à des interventions artistiques avec son ami Jean-Jacques Lebel. Lui-même est l'auteur de plusieurs interventions artistiques. En octobre 1963, il inaugure une exposition personnelle avec le happening «Les Critiques d'art». À l'American Center de Paris, en 1964, il réalise le happening Gold Water.
En 1982, il est invité à réaliser une fresque géante à Angoulême.
En 1986, il représente l'Islande à la Biennale de Venise.
En 1989, il fait une importante donation d’œuvres d’art et d’archives personnelles à la Ville de Reykjavik. Ce fonds est géré par le Musée d'Art de la ville de Reykjavik (Reykjavik Art Museum).
En 2014, il expose avec ses amis Jean-Jacques Deleval et Speedy Graphito à l'Arsenal de Soisson
En 2016, il expose en solo à la Galerie Perrotin à New York
Yolande Fievre
Other
1907 - 1982
Outsider Art
Yolande Fièvre est une peintre et sculpteur française, né à Paris le 25 janvier 1907 et morte à Paris en 1982.
Jeune voyageuse, elle visite l'Amérique et vivra en Egypte quelques années. Etudiante aux Beaux-Arts de Paris, plus tard professeur aux Beaux-Arts d'Orléans, elle affirmera très tôt sa position d'autodidacte. Jean Paulhan, André Breton, Bernard Requichot, Jean Dubuffet, Raymond Queneau seront ses amis.
Elle se lança dans des recherches passionnées et des expériences passionnantes sur la matière, souvent organique, qui donnent un aspect assez étrange à ses reliefs, on se croirait dans un monde fantastique et lunaire.
Ce sont des collages ou plutôt des "assemblages" où les objets sont mis en scène, des boîtes-objets ou des sortes de reliquaires un peu spéciaux. On peut y voir un plan de coupe d’immeubles dont le mur latéral se serait effondré, laissant l’œil découvrir entre les cloisons des êtres informes (difformes ou inaboutis) : leurs têtes sont de galets rongés, leurs corps, de bois flottés, avec parfois un os de mâchoire ou une arête pour compléter le décor.
Jeune voyageuse, elle visite l'Amérique et vivra en Egypte quelques années. Etudiante aux Beaux-Arts de Paris, plus tard professeur aux Beaux-Arts d'Orléans, elle affirmera très tôt sa position d'autodidacte. Jean Paulhan, André Breton, Bernard Requichot, Jean Dubuffet, Raymond Queneau seront ses amis.
Elle se lança dans des recherches passionnées et des expériences passionnantes sur la matière, souvent organique, qui donnent un aspect assez étrange à ses reliefs, on se croirait dans un monde fantastique et lunaire.
Ce sont des collages ou plutôt des "assemblages" où les objets sont mis en scène, des boîtes-objets ou des sortes de reliquaires un peu spéciaux. On peut y voir un plan de coupe d’immeubles dont le mur latéral se serait effondré, laissant l’œil découvrir entre les cloisons des êtres informes (difformes ou inaboutis) : leurs têtes sont de galets rongés, leurs corps, de bois flottés, avec parfois un os de mâchoire ou une arête pour compléter le décor.
Leonor Fini
Argentina
1908-1996
Née d'une mère italienne et d'un père argentin, Leonor Fini passe son enfance et son adolescence à Trieste en Italie, auprès de sa mère et de sa famille maternelle. Elle n'a pas connu son père, très tôt disparu. Dans un milieu bourgeois très cultivé, elle acquiert une culture cosmopolite. Elle quitte sa famille à 17 ans pour s'installer à Milan et commence à peindre, adoptant le classicisme et la peinture tonale à l'exemple de Carrà.
En 1937, elle quitte l'Italie pour Paris et rencontre André Breton et les surréalistes. S'inspirant de leurs théories, elle expérimente le « dessin automatique ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Victor Brauner, Paul Éluard et Max Ernst sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, pour les réunions ni les manifestes. C'est en solitaire qu'elle explore un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos (des femmes le plus souvent). Des jeunes gens, un peu androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices évoluent ou rêvent dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté. Chez elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine.
Sa première exposition monographique a lieu à New York, en 19392.
Leonor Fini a réalisé de nombreux portraits, tels que ceux de Jacques Audiberti, Jean Genet, Anna Magnani, confectionné des costumes pour le théâtre, le ballet et l'opéra et illustré des textes de Marcel Aymé (La Vouivre), d'Edgar Poe, du marquis de Sade (Histoire de Juliette, 1945).
De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, essais ou poèmes dont Jean Cocteau, Giorgio De Chirico, Éluard, Ernst, Alberto Moravia...
Quoique de façon parfois critique, des peintres comme Ivan Chtcheglov, Roger Langlais ou Le Maréchal se sont intéressés à certaines de ses œuvres, notamment ses paysages fantastiques.
Leonor Fini séjournait souvent retirée du monde, mais non sans festivités, ayant eu des maisons en Loire, en Corse (couvent saint François près de Nonza). Elle rencontre le diplomate italien Stanislao Lepri (1905-1980) en 1946, qu'elle encourage à peindre. Il devient son compagnon et la rejoint à Paris en 1950. Elle partage sa vie et son atelier avec Lepri, jusqu'à la mort de ce dernier en 1980.
Leonor Fini adorait les chats, elle a peint de nombreux tableaux et dessiné plusieurs esquisses et aquarelles en hommage aux chats. En 1977, elle consacra même un livre entièrement dédié à sa passion pour les félidés, Miroir des chats.
Elle meurt dans un hôpital de la banlieue parisienne, sans jamais avoir cessé de peindre et d'écrire3.
De 1939 à sa mort, on a recensé plus de 45 expositions personnelles en Europe et aux États-Unis3.
Neuf films ont été consacrés à son œuvre, dont La Légende Cruelle (1951) de l'écrivain et cinéaste lettriste Gabriel Pomerand.
En 1937, elle quitte l'Italie pour Paris et rencontre André Breton et les surréalistes. S'inspirant de leurs théories, elle expérimente le « dessin automatique ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Victor Brauner, Paul Éluard et Max Ernst sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, pour les réunions ni les manifestes. C'est en solitaire qu'elle explore un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos (des femmes le plus souvent). Des jeunes gens, un peu androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices évoluent ou rêvent dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté. Chez elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine.
Sa première exposition monographique a lieu à New York, en 19392.
Leonor Fini a réalisé de nombreux portraits, tels que ceux de Jacques Audiberti, Jean Genet, Anna Magnani, confectionné des costumes pour le théâtre, le ballet et l'opéra et illustré des textes de Marcel Aymé (La Vouivre), d'Edgar Poe, du marquis de Sade (Histoire de Juliette, 1945).
De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, essais ou poèmes dont Jean Cocteau, Giorgio De Chirico, Éluard, Ernst, Alberto Moravia...
Quoique de façon parfois critique, des peintres comme Ivan Chtcheglov, Roger Langlais ou Le Maréchal se sont intéressés à certaines de ses œuvres, notamment ses paysages fantastiques.
Leonor Fini séjournait souvent retirée du monde, mais non sans festivités, ayant eu des maisons en Loire, en Corse (couvent saint François près de Nonza). Elle rencontre le diplomate italien Stanislao Lepri (1905-1980) en 1946, qu'elle encourage à peindre. Il devient son compagnon et la rejoint à Paris en 1950. Elle partage sa vie et son atelier avec Lepri, jusqu'à la mort de ce dernier en 1980.
Leonor Fini adorait les chats, elle a peint de nombreux tableaux et dessiné plusieurs esquisses et aquarelles en hommage aux chats. En 1977, elle consacra même un livre entièrement dédié à sa passion pour les félidés, Miroir des chats.
Elle meurt dans un hôpital de la banlieue parisienne, sans jamais avoir cessé de peindre et d'écrire3.
De 1939 à sa mort, on a recensé plus de 45 expositions personnelles en Europe et aux États-Unis3.
Neuf films ont été consacrés à son œuvre, dont La Légende Cruelle (1951) de l'écrivain et cinéaste lettriste Gabriel Pomerand.
Johann Fischer
Other
1919-2008
Art brut
Esteban Frances
Spain
1913-1976
Surrealism
Eugène Gabritschevsky
Other
1893-1979
Art brut
Eugen Gabritschevsky est né à Moscou, en Russie. Fils d’un célèbre bactériologiste, il fait lui-même des études de biologie et se spécialise dans la génétique. Il rédige aussi plusieurs articles remarqués dans les milieux scientifiques. Plus tard, l’étudiant est invité à poursuivre ses recherches à la Columbia University de New York, avant de travailler en 1926 à l’Institut Pasteur, à Paris. Mais Eugen Gabritschevsky est sujet à des troubles psychiques qui le contraignent de mettre un terme à son activité professionnelle. Il est alors recueilli par son frère et sa sœur, qui résident à Munich, avant d’être interné en 1931 dans un hôpital psychiatrique où il demeure jusqu’à sa mort.
Pendant plus de quarante ans, Eugen Gabritschevsky s’adonne à la création artistique, réalisant quelque cinq mille peintures et dessins. Il travaille sur des feuilles de papier récupérées au rebut ainsi que sur des pages de calendrier et des circulaires administratives. Il met en œuvre plusieurs techniques aléatoires : il étale de l’aquarelle ou de la gouache au pinceau ou au doigt, puis intervient avec un chiffon ou une éponge, faisant surgir des formes suggestives. Il exploite ensuite ces émergences par quelques coups de pinceau, donnant naissance à des figures anthropomorphes monstrueuses et à des animaux étranges sur fond de paysages énigmatiques. Eugen Gabritschevsky pratique également d’autres méthodes qui permettent l’irruption d’éléments inattendus, comme le tachisme ou le pliage.
Pendant plus de quarante ans, Eugen Gabritschevsky s’adonne à la création artistique, réalisant quelque cinq mille peintures et dessins. Il travaille sur des feuilles de papier récupérées au rebut ainsi que sur des pages de calendrier et des circulaires administratives. Il met en œuvre plusieurs techniques aléatoires : il étale de l’aquarelle ou de la gouache au pinceau ou au doigt, puis intervient avec un chiffon ou une éponge, faisant surgir des formes suggestives. Il exploite ensuite ces émergences par quelques coups de pinceau, donnant naissance à des figures anthropomorphes monstrueuses et à des animaux étranges sur fond de paysages énigmatiques. Eugen Gabritschevsky pratique également d’autres méthodes qui permettent l’irruption d’éléments inattendus, comme le tachisme ou le pliage.
Madge Gill
United Kingdoms
1882-1961
Art brut
Madge Gill est née dans la banlieue de Londres, en Angleterre. Elle est élevée par sa mère et sa tante, puis placée dans un orphelinat, avant de rejoindre le Canada où elle est employée comme servante dans une ferme. Elle revient à Londres à l’âge de dix-neuf ans.
Vers 1903, elle est initiée au spiritisme et à l’astrologie par sa tante. Quatre ans plus tard, elle se marie et donne naissance à trois fils, dont un enfant mort-né. Son deuxième enfant est emporté par l’épidémie de grippe espagnole, en 1918. Madge Gill tombe alors gravement malade et perd l’usage de son œil gauche.
Un an après ce deuil, elle se met à dessiner, écrire et broder, créant une robe d’une grande finesse. Guidée par un esprit qu’elle surnomme « Myrninerest » – que l’on pourrait traduire par « mon repos intérieur » (My Inner Rest) –, Madge Gill travaille debout, la nuit, à la lumière d’une lampe à huile. Elle utilise comme support du carton ou du calicot et trace de manière obsessionnelle, à l’encre de Chine ou au stylo bille, un visage féminin coiffé d’un chapeau qu’elle inscrit dans des décors constitués d’architectures imaginaires.
Vers 1903, elle est initiée au spiritisme et à l’astrologie par sa tante. Quatre ans plus tard, elle se marie et donne naissance à trois fils, dont un enfant mort-né. Son deuxième enfant est emporté par l’épidémie de grippe espagnole, en 1918. Madge Gill tombe alors gravement malade et perd l’usage de son œil gauche.
Un an après ce deuil, elle se met à dessiner, écrire et broder, créant une robe d’une grande finesse. Guidée par un esprit qu’elle surnomme « Myrninerest » – que l’on pourrait traduire par « mon repos intérieur » (My Inner Rest) –, Madge Gill travaille debout, la nuit, à la lumière d’une lampe à huile. Elle utilise comme support du carton ou du calicot et trace de manière obsessionnelle, à l’encre de Chine ou au stylo bille, un visage féminin coiffé d’un chapeau qu’elle inscrit dans des décors constitués d’architectures imaginaires.
Henri Goetz
United States
Surrealism
29 septembre 1909 à New York et mort le 12 août 1989 à Nice, est un peintre et graveur français d'origine américaine.
La famille d'Henri Goetz est d’origine française. Vers 1850, son grand-père, Bernard Goetz, Alsacien de la région de Colmar, quitte la France pour les États-Unis. Bricoleur, il invente durant son long voyage une sorte de réflecteur afin de mieux éclairer sa lecture, son passe-temps principal, dans une cabine peu éclairée. Cette invention simple suscite l’admiration de ses compagnons de voyage et il reçoit rapidement la proposition d’un voyageur de première classe d’exploiter cette trouvaille dès leur arrivée à Philadelphie.
En 1855, Bernard Goetz ouvre une société de réflecteurs, The American Reflector Company, qui deviendra plus tard The B. Goetz Manufacturing Company. Il épouse une Américaine avec laquelle il a cinq enfants. À l’âge de onze ans, le père d'Henri, enfant cadet, est renvoyé de son école, incapable d’apprendre l’orthographe et donc inapte à poursuivre des études plus avancées. Apprenti mécanicien dans la nouvelle industrie de la bicyclette, il participe à des courses cyclistes. Un début de tuberculose l’empêche de poursuivre sa carrière de cycliste, mais il commence à écrire des nouvelles durant les années passées dans l’Ouest américain. De retour dans l’Est, il se marie avec celle qui sera la mère d'Henri Goetz.
Henri Goetz voit le jour en 1909 à New York, où son père dirige une entreprise de matériel électrique. Fils unique, il reçoit une éducation stricte de sa mère, pour qui les principes éducatifs remplacent l’affection. En 1916, sa famille quitte New York pour s’installer en banlieue, à Far Rockaway, dans le Queens. Goetz y termine l’école primaire et secondaire, et ensuite le lycée.
Son rêve de quitter le foyer familial se réalise en 1927 ans lorsqu’il part étudier à Boston, au Massachusetts Institute of Technology, en vue de préparer une carrière d’ingénieur électricien. C’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser à l’art, et il suit des cours de dessin. Il s’inscrit en 1929 à l’université Harvard, où il suit des cours d’histoire de l’art. Il quitte l’université la même année pour suivre des cours de peinture au Grand Central School of Art (en) de New York.
Un jour, une étudiante en peinture lui raconte son expérience personnelle de Paris et de ses ateliers. Cela est suffisant pour déclencher en Goetz l’envie de partir pour la France.
Les années d'apprentissage
Arrivé à Paris en 1930, il travaille dans les académies de Montparnasse (Académie Julian et Académie de la Grande Chaumière) et quelque temps dans l'atelier du peintre Amédée Ozenfant. Goetz est intéressé par le portrait et l’étude du nu. Son but était d’exprimer le caractère de ses modèles par une ressemblance extérieure et intérieure au moyen d’une facture expressionniste et très colorée. Il mélange ardemment le procédé cubiste et le coloris expressionniste.
« Au début je me suis consacré uniquement au portrait, car la figure humaine me paraissait contenir une chaleur que je n’avais pas trouvée dans mes études où je me préparais à une carrière d’ingénieur électricien. Durant ces six années, la peinture apprise dans les académies me servait à créer des ressemblances et à approfondir l’intimité du regard des autres1. »
Goetz se retrouve plongé dans le milieu artistique de Montparnasse. Jusqu'alors, sa connaissance de la peinture n'allait pas au-delà de l'impressionnisme. Son ami le peintre Victor Bauer lui ouvre l’esprit à la peinture vivante. « Je lui dois le déclenchement du deuxième stade de mon évolution », dit Goetz2.
Il découvre les œuvres de Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse, Georges Rouault, Paul Klee et Vassily Kandinsky. Grâce à Bauer, Goetz se familiarise aussi avec le freudisme, la politique de gauche, la sculpture primitive, la poésie et la musique d’avant-garde. Il poursuit alors l’étude du portrait et commence à peindre en 1933 ses premiers paysages de construction simpliste et laborieuse, dans une matière violente, sombre et très empâtée, où se retrouve à la fois l’influence conjuguée du fauvisme et du cubisme. Son autoportrait de 1935 est construit avec des formes fortement marquées par le cubisme, mais dans un coloris vif et pur, emprunté au fauvisme3. De 1932 à 1934, Goetz habite au 16, rue Bardinet à Paris.
En 1935, Goetz considère que la période de l’apprentissage est finie et se sent prêt à se lancer dans l’aventure de l’invention de sa propre peinture. La même année, il emménage au 19, rue Daguerre à Paris. En septembre, à l'Académie de la Grande Chaumière, il fait connaissance de Christine Boumeester, qu'il épousera la même année. Le couple se lie avec le peintre Hans Hartung, qui était leur voisin de palier rue Daguerre : tous trois exposent la même année au Salon des surindépendants.
La période surréaliste
Dès janvier 1936, Goetz commence à peindre des tableaux non figuratifs4. Une « peinture non figurative de pure invention » pour exprimer son univers intérieur, mais sans se servir des objets du monde réel. « Si je choisis le monde non figuratif, c’est que je crois qu’il est plus vaste que l’autre. Je crois qu’il y a plus à découvrir dans l’inconnu que dans le connu. Si la limite du connu est l’inconnu, l’inverse ne me semble pas vrai5. » Ce changement restera la seule fraction dans son œuvre, qui se développera plus lentement. La décision de rompre avec le monde visible marque également la fin de sa période d’apprentissage et plonge Goetz au cœur des courants actuels en engageant sa peinture dans la modernité. Voulant peindre abstrait, Goetz se lance dans l’exploration de ses visions intérieures. Cependant, tout en revendiquant l’indépendance de sa peinture du monde réel, son discours pictural ne correspond pas à la pratique de l’art abstrait développée dans les années 1930-1940. Le sujet de ses tableaux dépend en grande partie de son imagination et pas seulement de l’agencement de composants formels. Ce changement d’orientation le rapproche du monde surréaliste. Son œuvre se développe dans cette dialectique de courants opposés et c’est là que réside son originalité.
Un événement important de cette période est l’amitié avec le poète Juan Bréa et sa femme, Mary Low, qui font partie du groupe surréaliste d’André Breton. C’est la découverte du surréalisme pour Goetz. En 1936, Goetz ignore à peu près tout de ce mouvement. Son ami, le peintre allemand Oelze Richard, lui parle pour la première fois de Salvador Dalí. À partir de ce moment, Goetz fréquente les surréalistes Raoul Ubac, Benjamin Péret et Óscar Domínguez. André Breton s'y intéresse d'ailleurs — il rencontre Goetz en 1938 —, sans toutefois proposer à l'artiste de participer aux manifestations du mouvement.
L’esprit surréaliste qui imprègne désormais sa peinture va engendrer des pièces comme les Chefs-d’œuvre corrigés en 1938-1939, que Goetz appelle une « collaboration collective posthume ». Sur les fonds des reproductions, Goetz va laisser libre cours aux images associatives que lui suggèrent des œuvres célèbres. C'est en les découvrant en 1939 qu'André Breton leur trouve le titre de Chefs-d'œuvre corrigés. Elles seront exposées dans leur ensemble pour la première fois en 1975 par la galerie Jean-Claude Bellier à Paris, dans le cadre de l’exposition rétrospective Henri Goetz.
La peinture de Goetz n’est cependant jamais dirigée que par le symbolisme des rêves : la spontanéité et l’imagination l’emportent toujours sur l’interprétation du subconscient. Pour les surréalistes, le tableau est le théâtre d’opérations mentales ; pour Goetz, il est principalement le lieu de construction d’un monde inventé, où l’imagination règne et le tableau se nourrit de ses propres sources. La différence est capitale : pour Goetz, tout repose sur l’activité imaginative et inventive et non sur la psychologie.
« Je croyais pouvoir créer des formes où mon inconscient rejoindrait ceux des autres. Cette démarche n’était pas étrangère à celle des surréalistes mais sa réalisation s’opérait dans un univers des formes pour moi abstraites, mais évocatrices d’objets connus, parfois organiques. Cette ressemblance ne m’intéressait guère, ce qui m’éloignait des surréalistes. L’espace de mes tableaux ressemblait à celui des œuvres classiques. Je n’étais pas considéré comme artiste abstrait et pourtant je me sentais plus près d’eux1. »
La Seconde Guerre mondiale
Le début de la Seconde Guerre mondiale trouve Henri Goetz et Christine Boumeester en Dordogne. Grâce à sa nationalité américaine, Goetz n’est pas mobilisable. À l’arrivée des Allemands à Paris, en juin 1940, ils décident d’y rester, puisque l’Amérique n’est pas encore entrée dans le conflit. Mais Paris se vide rapidement et ils partent alors pour Carcassonne rejoindre le groupe surréaliste belge de René Magritte et Raoul Ubac. Deux mois plus tard, ils reviennent à Paris, dans leur nouvel atelier au 72, rue Notre-Dame-des-Champs, où ils fondent, avec Christian Dotremont et Raoul Ubac, La Main à plume, première revue surréaliste parue sous l’occupation.
C’est à cette époque que Goetz s’engage dans la Résistance. Sa véritable activité est la fabrication de faux papiers, son habileté de peintre et sa connaissance des techniques d’impression étant mises au service de la lutte contre l’occupant. Il imprime également des tracts et des affiches qu’il parvient à coller aux murs grâce à une technique spéciale, en jouant aux amoureux avec sa femme Christine.
En 1942, l’Amérique entre en guerre. Christine Boumeester et Goetz sont obligés de se cacher, en habitant des petits hôtels de Paris. Dénoncés par un poète surréaliste tchèque[Lequel ?] pour leur activité clandestine et comme « membres importants de la Résistance »[réf. nécessaire], ils sont contraints de quitter Paris.
En collaboration avec Christine Boumeester, il illustre La Femme facile de Georges Hugnet. Il illustra également de dix lithographies les Explorations de Francis Picabia. Ils se réfugient à Nice et louent une chambre chez des habitants de la vieille ville. Retirés à Nice, les Goetz fréquentent Francis Picabia, Alberto Magnelli, Jean Arp, Nicolas de Staël. Décidés de partir pour l’Amérique, ils en sont empêchés par l’occupation allemande de la zone libre et la fermeture du consulat des États-Unis. Dénoncés de nouveau à Nice, ils doivent partir pour Cannes. De nombreux petits emplois exercés à Cannes leur permettent de survivre.
Après l’explosion d’une bombe à retardement chez eux, les Picabia les hébergent le temps de trouver un nouveau logement. Pour Goetz, l’amitié avec Picabia « était stimulante, plein d’étincelles de génie »[réf. nécessaire]. Marie Lluisa Borras, auteur d’une monographie de référence sur Picabia en 1985, considère que « le retour à l’abstraction de Picabia est dû aux conversations avec ce jeune couple de peintres, Christine Boumeester et Henri Goetz […]. Ouverts et cordiaux, ils étaient amis avec de nombreux artistes de leur génération, Hartung, Vieira da Silva, Domela, Atlan ou Raoul Ubac, avec qui ils avaient fondé La Main à plume, considérée comme l’organe de la seconde vague surréaliste6. »
Un emploi trouvé à la mairie du Cannet permet à Goetz de ne pas partir en Allemagne pour le service du travail obligatoire. Ses activités dans la résistance étant terminées, il reste au Cannet jusqu’à la fin des hostilités.
La Libération
À la Libération, Goetz rentre à Paris, où il retrouve son atelier de la rue Notre-Dame-des-Champs. En 1945, René Guilly, que Goetz connaît par Ubac, l’invite faire des reportages pour la rubrique « peinture » de son émission hebdomadaire radio Le Domaine de Paris à la Radiodiffusion française.
En 1947, le cinéaste Alain Resnais tourne Portrait d'Henri Goetz, son premier film. C'est un court-métrage muet tourné en 16mm d’une durée de 21 minutes.
En 1949, Henri Goetz obtient la nationalité française.
L'abstraction
Avant 1947, un changement s’opère dans les dessins de Goetz. Il se détache progressivement de l’imprégnation surréaliste. Il s’oriente vers un graphisme, les images et les constructions s’épurent, se simplifient, il donne de plus en plus d’importance à la ligne et au trait qui deviendront la matière même de la composition. Il faudra attendre 1947 pour que cette tendance se généralise dans tout son art.
Il n'y a plus de visions chargées par l’inconscient et les formes allusives : la primauté est donnée à la construction par la ligne, la technique picturale est d’une touche plus libre et on ne trouve plus trace des glacis ni du clair-obscur. Une plus grande importance est donnée à la couleur et a sa puissance expressive. Goetz est en train de libérer et d’explorer sa palette.
Au cours des années 1950, l'abstraction de Goetz est voisine de celle d'Hans Hartung, de Pierre Soulages et de Gérard Schneider par la vivacité des tracés graphiques et le rôle des fonds colorés7. Dès 1960, le monde extérieur reprend place dans l'élaboration des œuvres, à partir des suggestions offertes par le paysage ou les objets (Bord de rivière en Corse, 1965, pastel à l'huile, collection particulière[réf. nécessaire]).
La période abstraite de 1947 à 1960 est une période de transition qu’il faut distinguer de l’abstraction comme constante de son esthétique. Dans cette période, l’artiste fait le point sur tous les moyens d’expression qu'il expérimente jusqu’à trouver ceux qui vont renouveler son style. L’espace de la peinture de Goetz change, il reçoit une nouvelle lumière. L’espace n’est plus le rideau de scène, c’est une réalité sensible[pas clair]. De 1950 à 1960, une géométrisation de plus en plus poussée s’affirme. Les formes se dépouillent et se séparent finalement les unes des autres, sur un espace richement coloré.
La famille d'Henri Goetz est d’origine française. Vers 1850, son grand-père, Bernard Goetz, Alsacien de la région de Colmar, quitte la France pour les États-Unis. Bricoleur, il invente durant son long voyage une sorte de réflecteur afin de mieux éclairer sa lecture, son passe-temps principal, dans une cabine peu éclairée. Cette invention simple suscite l’admiration de ses compagnons de voyage et il reçoit rapidement la proposition d’un voyageur de première classe d’exploiter cette trouvaille dès leur arrivée à Philadelphie.
En 1855, Bernard Goetz ouvre une société de réflecteurs, The American Reflector Company, qui deviendra plus tard The B. Goetz Manufacturing Company. Il épouse une Américaine avec laquelle il a cinq enfants. À l’âge de onze ans, le père d'Henri, enfant cadet, est renvoyé de son école, incapable d’apprendre l’orthographe et donc inapte à poursuivre des études plus avancées. Apprenti mécanicien dans la nouvelle industrie de la bicyclette, il participe à des courses cyclistes. Un début de tuberculose l’empêche de poursuivre sa carrière de cycliste, mais il commence à écrire des nouvelles durant les années passées dans l’Ouest américain. De retour dans l’Est, il se marie avec celle qui sera la mère d'Henri Goetz.
Henri Goetz voit le jour en 1909 à New York, où son père dirige une entreprise de matériel électrique. Fils unique, il reçoit une éducation stricte de sa mère, pour qui les principes éducatifs remplacent l’affection. En 1916, sa famille quitte New York pour s’installer en banlieue, à Far Rockaway, dans le Queens. Goetz y termine l’école primaire et secondaire, et ensuite le lycée.
Son rêve de quitter le foyer familial se réalise en 1927 ans lorsqu’il part étudier à Boston, au Massachusetts Institute of Technology, en vue de préparer une carrière d’ingénieur électricien. C’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser à l’art, et il suit des cours de dessin. Il s’inscrit en 1929 à l’université Harvard, où il suit des cours d’histoire de l’art. Il quitte l’université la même année pour suivre des cours de peinture au Grand Central School of Art (en) de New York.
Un jour, une étudiante en peinture lui raconte son expérience personnelle de Paris et de ses ateliers. Cela est suffisant pour déclencher en Goetz l’envie de partir pour la France.
Les années d'apprentissage
Arrivé à Paris en 1930, il travaille dans les académies de Montparnasse (Académie Julian et Académie de la Grande Chaumière) et quelque temps dans l'atelier du peintre Amédée Ozenfant. Goetz est intéressé par le portrait et l’étude du nu. Son but était d’exprimer le caractère de ses modèles par une ressemblance extérieure et intérieure au moyen d’une facture expressionniste et très colorée. Il mélange ardemment le procédé cubiste et le coloris expressionniste.
« Au début je me suis consacré uniquement au portrait, car la figure humaine me paraissait contenir une chaleur que je n’avais pas trouvée dans mes études où je me préparais à une carrière d’ingénieur électricien. Durant ces six années, la peinture apprise dans les académies me servait à créer des ressemblances et à approfondir l’intimité du regard des autres1. »
Goetz se retrouve plongé dans le milieu artistique de Montparnasse. Jusqu'alors, sa connaissance de la peinture n'allait pas au-delà de l'impressionnisme. Son ami le peintre Victor Bauer lui ouvre l’esprit à la peinture vivante. « Je lui dois le déclenchement du deuxième stade de mon évolution », dit Goetz2.
Il découvre les œuvres de Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse, Georges Rouault, Paul Klee et Vassily Kandinsky. Grâce à Bauer, Goetz se familiarise aussi avec le freudisme, la politique de gauche, la sculpture primitive, la poésie et la musique d’avant-garde. Il poursuit alors l’étude du portrait et commence à peindre en 1933 ses premiers paysages de construction simpliste et laborieuse, dans une matière violente, sombre et très empâtée, où se retrouve à la fois l’influence conjuguée du fauvisme et du cubisme. Son autoportrait de 1935 est construit avec des formes fortement marquées par le cubisme, mais dans un coloris vif et pur, emprunté au fauvisme3. De 1932 à 1934, Goetz habite au 16, rue Bardinet à Paris.
En 1935, Goetz considère que la période de l’apprentissage est finie et se sent prêt à se lancer dans l’aventure de l’invention de sa propre peinture. La même année, il emménage au 19, rue Daguerre à Paris. En septembre, à l'Académie de la Grande Chaumière, il fait connaissance de Christine Boumeester, qu'il épousera la même année. Le couple se lie avec le peintre Hans Hartung, qui était leur voisin de palier rue Daguerre : tous trois exposent la même année au Salon des surindépendants.
La période surréaliste
Dès janvier 1936, Goetz commence à peindre des tableaux non figuratifs4. Une « peinture non figurative de pure invention » pour exprimer son univers intérieur, mais sans se servir des objets du monde réel. « Si je choisis le monde non figuratif, c’est que je crois qu’il est plus vaste que l’autre. Je crois qu’il y a plus à découvrir dans l’inconnu que dans le connu. Si la limite du connu est l’inconnu, l’inverse ne me semble pas vrai5. » Ce changement restera la seule fraction dans son œuvre, qui se développera plus lentement. La décision de rompre avec le monde visible marque également la fin de sa période d’apprentissage et plonge Goetz au cœur des courants actuels en engageant sa peinture dans la modernité. Voulant peindre abstrait, Goetz se lance dans l’exploration de ses visions intérieures. Cependant, tout en revendiquant l’indépendance de sa peinture du monde réel, son discours pictural ne correspond pas à la pratique de l’art abstrait développée dans les années 1930-1940. Le sujet de ses tableaux dépend en grande partie de son imagination et pas seulement de l’agencement de composants formels. Ce changement d’orientation le rapproche du monde surréaliste. Son œuvre se développe dans cette dialectique de courants opposés et c’est là que réside son originalité.
Un événement important de cette période est l’amitié avec le poète Juan Bréa et sa femme, Mary Low, qui font partie du groupe surréaliste d’André Breton. C’est la découverte du surréalisme pour Goetz. En 1936, Goetz ignore à peu près tout de ce mouvement. Son ami, le peintre allemand Oelze Richard, lui parle pour la première fois de Salvador Dalí. À partir de ce moment, Goetz fréquente les surréalistes Raoul Ubac, Benjamin Péret et Óscar Domínguez. André Breton s'y intéresse d'ailleurs — il rencontre Goetz en 1938 —, sans toutefois proposer à l'artiste de participer aux manifestations du mouvement.
L’esprit surréaliste qui imprègne désormais sa peinture va engendrer des pièces comme les Chefs-d’œuvre corrigés en 1938-1939, que Goetz appelle une « collaboration collective posthume ». Sur les fonds des reproductions, Goetz va laisser libre cours aux images associatives que lui suggèrent des œuvres célèbres. C'est en les découvrant en 1939 qu'André Breton leur trouve le titre de Chefs-d'œuvre corrigés. Elles seront exposées dans leur ensemble pour la première fois en 1975 par la galerie Jean-Claude Bellier à Paris, dans le cadre de l’exposition rétrospective Henri Goetz.
La peinture de Goetz n’est cependant jamais dirigée que par le symbolisme des rêves : la spontanéité et l’imagination l’emportent toujours sur l’interprétation du subconscient. Pour les surréalistes, le tableau est le théâtre d’opérations mentales ; pour Goetz, il est principalement le lieu de construction d’un monde inventé, où l’imagination règne et le tableau se nourrit de ses propres sources. La différence est capitale : pour Goetz, tout repose sur l’activité imaginative et inventive et non sur la psychologie.
« Je croyais pouvoir créer des formes où mon inconscient rejoindrait ceux des autres. Cette démarche n’était pas étrangère à celle des surréalistes mais sa réalisation s’opérait dans un univers des formes pour moi abstraites, mais évocatrices d’objets connus, parfois organiques. Cette ressemblance ne m’intéressait guère, ce qui m’éloignait des surréalistes. L’espace de mes tableaux ressemblait à celui des œuvres classiques. Je n’étais pas considéré comme artiste abstrait et pourtant je me sentais plus près d’eux1. »
La Seconde Guerre mondiale
Le début de la Seconde Guerre mondiale trouve Henri Goetz et Christine Boumeester en Dordogne. Grâce à sa nationalité américaine, Goetz n’est pas mobilisable. À l’arrivée des Allemands à Paris, en juin 1940, ils décident d’y rester, puisque l’Amérique n’est pas encore entrée dans le conflit. Mais Paris se vide rapidement et ils partent alors pour Carcassonne rejoindre le groupe surréaliste belge de René Magritte et Raoul Ubac. Deux mois plus tard, ils reviennent à Paris, dans leur nouvel atelier au 72, rue Notre-Dame-des-Champs, où ils fondent, avec Christian Dotremont et Raoul Ubac, La Main à plume, première revue surréaliste parue sous l’occupation.
C’est à cette époque que Goetz s’engage dans la Résistance. Sa véritable activité est la fabrication de faux papiers, son habileté de peintre et sa connaissance des techniques d’impression étant mises au service de la lutte contre l’occupant. Il imprime également des tracts et des affiches qu’il parvient à coller aux murs grâce à une technique spéciale, en jouant aux amoureux avec sa femme Christine.
En 1942, l’Amérique entre en guerre. Christine Boumeester et Goetz sont obligés de se cacher, en habitant des petits hôtels de Paris. Dénoncés par un poète surréaliste tchèque[Lequel ?] pour leur activité clandestine et comme « membres importants de la Résistance »[réf. nécessaire], ils sont contraints de quitter Paris.
En collaboration avec Christine Boumeester, il illustre La Femme facile de Georges Hugnet. Il illustra également de dix lithographies les Explorations de Francis Picabia. Ils se réfugient à Nice et louent une chambre chez des habitants de la vieille ville. Retirés à Nice, les Goetz fréquentent Francis Picabia, Alberto Magnelli, Jean Arp, Nicolas de Staël. Décidés de partir pour l’Amérique, ils en sont empêchés par l’occupation allemande de la zone libre et la fermeture du consulat des États-Unis. Dénoncés de nouveau à Nice, ils doivent partir pour Cannes. De nombreux petits emplois exercés à Cannes leur permettent de survivre.
Après l’explosion d’une bombe à retardement chez eux, les Picabia les hébergent le temps de trouver un nouveau logement. Pour Goetz, l’amitié avec Picabia « était stimulante, plein d’étincelles de génie »[réf. nécessaire]. Marie Lluisa Borras, auteur d’une monographie de référence sur Picabia en 1985, considère que « le retour à l’abstraction de Picabia est dû aux conversations avec ce jeune couple de peintres, Christine Boumeester et Henri Goetz […]. Ouverts et cordiaux, ils étaient amis avec de nombreux artistes de leur génération, Hartung, Vieira da Silva, Domela, Atlan ou Raoul Ubac, avec qui ils avaient fondé La Main à plume, considérée comme l’organe de la seconde vague surréaliste6. »
Un emploi trouvé à la mairie du Cannet permet à Goetz de ne pas partir en Allemagne pour le service du travail obligatoire. Ses activités dans la résistance étant terminées, il reste au Cannet jusqu’à la fin des hostilités.
La Libération
À la Libération, Goetz rentre à Paris, où il retrouve son atelier de la rue Notre-Dame-des-Champs. En 1945, René Guilly, que Goetz connaît par Ubac, l’invite faire des reportages pour la rubrique « peinture » de son émission hebdomadaire radio Le Domaine de Paris à la Radiodiffusion française.
En 1947, le cinéaste Alain Resnais tourne Portrait d'Henri Goetz, son premier film. C'est un court-métrage muet tourné en 16mm d’une durée de 21 minutes.
En 1949, Henri Goetz obtient la nationalité française.
L'abstraction
Avant 1947, un changement s’opère dans les dessins de Goetz. Il se détache progressivement de l’imprégnation surréaliste. Il s’oriente vers un graphisme, les images et les constructions s’épurent, se simplifient, il donne de plus en plus d’importance à la ligne et au trait qui deviendront la matière même de la composition. Il faudra attendre 1947 pour que cette tendance se généralise dans tout son art.
Il n'y a plus de visions chargées par l’inconscient et les formes allusives : la primauté est donnée à la construction par la ligne, la technique picturale est d’une touche plus libre et on ne trouve plus trace des glacis ni du clair-obscur. Une plus grande importance est donnée à la couleur et a sa puissance expressive. Goetz est en train de libérer et d’explorer sa palette.
Au cours des années 1950, l'abstraction de Goetz est voisine de celle d'Hans Hartung, de Pierre Soulages et de Gérard Schneider par la vivacité des tracés graphiques et le rôle des fonds colorés7. Dès 1960, le monde extérieur reprend place dans l'élaboration des œuvres, à partir des suggestions offertes par le paysage ou les objets (Bord de rivière en Corse, 1965, pastel à l'huile, collection particulière[réf. nécessaire]).
La période abstraite de 1947 à 1960 est une période de transition qu’il faut distinguer de l’abstraction comme constante de son esthétique. Dans cette période, l’artiste fait le point sur tous les moyens d’expression qu'il expérimente jusqu’à trouver ceux qui vont renouveler son style. L’espace de la peinture de Goetz change, il reçoit une nouvelle lumière. L’espace n’est plus le rideau de scène, c’est une réalité sensible[pas clair]. De 1950 à 1960, une géométrisation de plus en plus poussée s’affirme. Les formes se dépouillent et se séparent finalement les unes des autres, sur un espace richement coloré.
Guy Harloff
France
1933 - 1991
Outsider Art
Fils d’un peintre-graveur franco-néerlandais d’origine russe et de mère suisse d’origine italienne. Il passe la guerre en Italie, puis y débute des études classiques de lettres, puis de Cinéma (il sera Assistant de V. de Sica en 50)
Dès 52 il débute un travail de peintre-collagiste autodidacte sur des éléments collectés dans la rue, directement influencé par les travaux de K.Schwitters.
Première exposition à Florence en 1954 (il a 21 ans) à la Galerie Numero, puis en 59 à Milan chez A. Schwartz, puis à Venise, Rome, Paris en 61, Los Angeles, Copenhage, Turin, Genève…
S’installe à Paris en 55 après des voyages en Grèce, Turquie et Iran.
Il retournera en Orient entre 62 et 65 et y étudiera les rites, les religions, les symboles et traditions de ces sociétés.
Séjourne au « Beat Hotel » , rue Git le cœur, où sont Allen Ginsberg, W. Burroughs, B. Gysin, entre Paris et Tanger.
De nouveau fixé à Milan après 65 il voyagera encore fréquemment à New York, Paris, Londres, Amsterdam, Bruxelles et en Scandinavie.
Guy Harloff participa à la Documenta 5 de Kassel en 1972 dans le département des « Mythologies individuelles ».
En 1973 il achève la construction de son bateau « Le Devenir », sur lequel il vit dèslors et navigue, mais sa santé l’obligera à renoncer à son projet de voyage au long-court.
Prototype du Globtrotter curieux, parlant cinq langues, il fréquenta beaucoup d’artistes d’avant-garde mais n’intégra aucun groupe.
Son œuvre personnelle fut célébrée par de grands critiques tels que W. Bourroughs, R .de Solier, A. Joffroy, P. Waldberg, H. Miller notamnent.
Il fut un voyageur incessant, indépendant des mouvements culturels et des modes. Ses influences et sources d’inspiration seront multiples ( de part ses origines, ses voyages et sa curiosité constante)
Sa pratique quotidienne et rituelle du dessin l’accompagnera partout. Ces oeuvres sont toujours des récits, non selon la forme du classique carnet de voyage mais plutôt comme condensation d’une impression, d’une lecture, ou d’une rencontre, chacun d’entre eux constituant alors la page de son journal intime.
Son usage des alphabets, de la calligraphie, des signes et symboles trouvent sa source dans sa passion des cultures orientales (Tabula, Mandala, Main de Fatima, Œil, symboles sprituels …) mais aussi dans la tradition classique européenne et italienne des blasons, des emblèmes, de la peinture murale et religieuse, des ex-voto, de l’ésotérisme et de l’alchimie.
Ses dessins constituant parfois des labyrintes ou des rébus.
Appropriation et recyclage seront un projet esthétique intime et spontané, poétique et utopique.
Ses représentations figuratives ne dérivant pas d’un processus logique, ni d’un raisonnement mais d’une méditation, puis d’une condensation dans un jeu spontané et imprévisible proche des dessins d’enfants, du jeu et de l’automatisme (si chers aux Surréalistes), et de l’Art Brut par la récurrence des motifs et une systématique occupation de tout l’espace de la feuille par le moyen technique “simple” et casi exclusive du stylo à bille.
“ Le concept est celui de la Voie Royale , des Alchimistes.
Faire un parcours spirituel.
Chaque travail est thérapie. Répétition. Rite. Découverte et possession.”
Déclare-t-il en 74.
Le motif de l’œil prendra une place prépondérante dans ses œuvres des années 70. L’oeil du regard, de la contemplation, de la vision, du visionnaire, mais aussi le troisième oeil de la vision extra-sensorielle, de la vision intérieure.
L’oeil-symbole mais aussi outil d’observation et d’exploration, du voyageur et de perception du rêveur.
Voir pour se voir, se comprendre en captant les signes du monde tel fut son programme.
Dès 52 il débute un travail de peintre-collagiste autodidacte sur des éléments collectés dans la rue, directement influencé par les travaux de K.Schwitters.
Première exposition à Florence en 1954 (il a 21 ans) à la Galerie Numero, puis en 59 à Milan chez A. Schwartz, puis à Venise, Rome, Paris en 61, Los Angeles, Copenhage, Turin, Genève…
S’installe à Paris en 55 après des voyages en Grèce, Turquie et Iran.
Il retournera en Orient entre 62 et 65 et y étudiera les rites, les religions, les symboles et traditions de ces sociétés.
Séjourne au « Beat Hotel » , rue Git le cœur, où sont Allen Ginsberg, W. Burroughs, B. Gysin, entre Paris et Tanger.
De nouveau fixé à Milan après 65 il voyagera encore fréquemment à New York, Paris, Londres, Amsterdam, Bruxelles et en Scandinavie.
Guy Harloff participa à la Documenta 5 de Kassel en 1972 dans le département des « Mythologies individuelles ».
En 1973 il achève la construction de son bateau « Le Devenir », sur lequel il vit dèslors et navigue, mais sa santé l’obligera à renoncer à son projet de voyage au long-court.
Prototype du Globtrotter curieux, parlant cinq langues, il fréquenta beaucoup d’artistes d’avant-garde mais n’intégra aucun groupe.
Son œuvre personnelle fut célébrée par de grands critiques tels que W. Bourroughs, R .de Solier, A. Joffroy, P. Waldberg, H. Miller notamnent.
Il fut un voyageur incessant, indépendant des mouvements culturels et des modes. Ses influences et sources d’inspiration seront multiples ( de part ses origines, ses voyages et sa curiosité constante)
Sa pratique quotidienne et rituelle du dessin l’accompagnera partout. Ces oeuvres sont toujours des récits, non selon la forme du classique carnet de voyage mais plutôt comme condensation d’une impression, d’une lecture, ou d’une rencontre, chacun d’entre eux constituant alors la page de son journal intime.
Son usage des alphabets, de la calligraphie, des signes et symboles trouvent sa source dans sa passion des cultures orientales (Tabula, Mandala, Main de Fatima, Œil, symboles sprituels …) mais aussi dans la tradition classique européenne et italienne des blasons, des emblèmes, de la peinture murale et religieuse, des ex-voto, de l’ésotérisme et de l’alchimie.
Ses dessins constituant parfois des labyrintes ou des rébus.
Appropriation et recyclage seront un projet esthétique intime et spontané, poétique et utopique.
Ses représentations figuratives ne dérivant pas d’un processus logique, ni d’un raisonnement mais d’une méditation, puis d’une condensation dans un jeu spontané et imprévisible proche des dessins d’enfants, du jeu et de l’automatisme (si chers aux Surréalistes), et de l’Art Brut par la récurrence des motifs et une systématique occupation de tout l’espace de la feuille par le moyen technique “simple” et casi exclusive du stylo à bille.
“ Le concept est celui de la Voie Royale , des Alchimistes.
Faire un parcours spirituel.
Chaque travail est thérapie. Répétition. Rite. Découverte et possession.”
Déclare-t-il en 74.
Le motif de l’œil prendra une place prépondérante dans ses œuvres des années 70. L’oeil du regard, de la contemplation, de la vision, du visionnaire, mais aussi le troisième oeil de la vision extra-sensorielle, de la vision intérieure.
L’oeil-symbole mais aussi outil d’observation et d’exploration, du voyageur et de perception du rêveur.
Voir pour se voir, se comprendre en captant les signes du monde tel fut son programme.
Karel Havlicek
Czech Republic
1907-1988
Karel Havlicek est né le 31 décembre 1907 à Berlin, dans une famille cultivée. En 1923, il s'installe avec ses parents à Prague, il étudie à la faculté de droit de l'université allemande, en 1934 il obtient son diplôme de docteur en droit.
Karel Havlicek est chef de la police mais à l’arrivée du régime communiste, il est rétrogradé à un poste subalterne.
?
Un jour, alors qu’il marchait dans la rue, il s’arrêta et regarda le ciel puis dit à sa femme : « A partir d’aujourd’hui, je vais faire un dessin par jour pour remercier la vie ».
Il a été découvert en 1948, par Karl Teige, le grand théoricien d’art tchèque proche des surréalistes.
?
Son œuvre qui représente le plus souvent des métamorphoses de visages, d’animaux monstrueux, peut être lue comme une métaphore du système communiste dont il subit les discriminations et la censure.
?
Tout comme Friedrich Schröder Sonnenstern, son œuvre se situe à la lisière de l’art brut et de l’art surréaliste.
?
Karel Havlicek est chef de la police mais à l’arrivée du régime communiste, il est rétrogradé à un poste subalterne.
?
Un jour, alors qu’il marchait dans la rue, il s’arrêta et regarda le ciel puis dit à sa femme : « A partir d’aujourd’hui, je vais faire un dessin par jour pour remercier la vie ».
Il a été découvert en 1948, par Karl Teige, le grand théoricien d’art tchèque proche des surréalistes.
?
Son œuvre qui représente le plus souvent des métamorphoses de visages, d’animaux monstrueux, peut être lue comme une métaphore du système communiste dont il subit les discriminations et la censure.
?
Tout comme Friedrich Schröder Sonnenstern, son œuvre se situe à la lisière de l’art brut et de l’art surréaliste.
?
Jacques Hérold
Romania
1910-1987
Surrealism
Jacques Hérold (pseudonyme de Hérold Blumer) est un peintre, sculpteur, illustrateur lié au mouvement surréaliste, né à Piatra Neam? dans le jude? de Neam?, dans la province de Moldavie en Roumanie, le 10 octobre 1910 et mort à Paris le 11 janvier 1987.
Yoshiko Hirasawa
Japan
Surrealism
Yoshiko ne nous est pas tombée du ciel, mais presque.
On ne saurait trop rappeler dans quelles surprenantes conditions cette artiste japonaise contemporaine allait rompre avec sa première vie pour accéder au monde de la peinture. Yoshiko Hirasawa, munie d’une maîtrise ès lettres de l’université Keio (Tokyo), avait en effet commencé une brillante carrière de présentatrice à la télévision japonaise NHK. À l’occasion d’un voyage à Paris, elle abandonna brusquement ce métier pour se consacrer à l’art.
Dans sa peinture inspirée de l’école métaphysique, Yoshiko se situe en position de « médium » par rapport au monde extérieur, toujours prête à capter des signaux furtifs et les présences incertaines « de l’autre côté du miroir ». Yoshiko présente sa première exposition à Paris avec le concours du ministère de la Culture, en 1979. Par la suite, elle participe à de nombreuses expositions en France et à l’étranger.
À Paris, elle expose en compagnie de Marcel Duchamp et de Max Ernst (Galerie Artcurial). La FIAC lui consacre une exposition personnelle, ainsi que la Pinacothèque de Bari (Italie), le Fuji Television Gallery à Tokyo et le musée d’Art moderne de Toyama. Elle eut encore le rare honneur d’une exposition personnelle au musée national du Palais d’Été (Saint-Pétersbourg). En cette fin de siècle où l’art cherche désespérément un nouveau souffle, on ne peut continuer à ignorer l’œuvre de Yoshiko.
En présentant pour la première fois une rétrospective de sa peinture, ce livre cherche à pénétrer son secret.
À la fin de l’ouvrage, une anthologie critique réunit des textes de Georges Boudaille, Stéphane Déligeorges, Jean-Pierre Faye, Alain Jouffroy, Gilbert Lascault…
On ne saurait trop rappeler dans quelles surprenantes conditions cette artiste japonaise contemporaine allait rompre avec sa première vie pour accéder au monde de la peinture. Yoshiko Hirasawa, munie d’une maîtrise ès lettres de l’université Keio (Tokyo), avait en effet commencé une brillante carrière de présentatrice à la télévision japonaise NHK. À l’occasion d’un voyage à Paris, elle abandonna brusquement ce métier pour se consacrer à l’art.
Dans sa peinture inspirée de l’école métaphysique, Yoshiko se situe en position de « médium » par rapport au monde extérieur, toujours prête à capter des signaux furtifs et les présences incertaines « de l’autre côté du miroir ». Yoshiko présente sa première exposition à Paris avec le concours du ministère de la Culture, en 1979. Par la suite, elle participe à de nombreuses expositions en France et à l’étranger.
À Paris, elle expose en compagnie de Marcel Duchamp et de Max Ernst (Galerie Artcurial). La FIAC lui consacre une exposition personnelle, ainsi que la Pinacothèque de Bari (Italie), le Fuji Television Gallery à Tokyo et le musée d’Art moderne de Toyama. Elle eut encore le rare honneur d’une exposition personnelle au musée national du Palais d’Été (Saint-Pétersbourg). En cette fin de siècle où l’art cherche désespérément un nouveau souffle, on ne peut continuer à ignorer l’œuvre de Yoshiko.
En présentant pour la première fois une rétrospective de sa peinture, ce livre cherche à pénétrer son secret.
À la fin de l’ouvrage, une anthologie critique réunit des textes de Georges Boudaille, Stéphane Déligeorges, Jean-Pierre Faye, Alain Jouffroy, Gilbert Lascault…
Josef Hofer
Austria
né en 1945
Art brut
Biographie
Josef Hofer est en 1945 en Bavière. Lui et son frère Walter, né 5 ans plus tôt, souffrent d’un retard mental, de difficultés d’audition et d’élocution. Josef Hofer souffre également d’une mobilité limitée et ne parle presque pas. Leurs parents les élèvent dans une ferme en Haute Autriche et ne les scolarisent pas.
En 1982, le père d’Hofer meurt et sa mère part vivre à Kirchlag avec ses fils. Dès 1985, Josef Hofer fréquente l’hôpital de jour de Linz et, en 1992, il intègre l’institution de Ried, à Innkreis, en Autriche. Là, Élisabeth Telsnig, historienne de l’art et qui collabore à des ateliers pour handicapés mentaux, rencontre Hofer en 1997, découvre son goût pour le dessin et l’encourage dans cette voie. À partir de 1998, l’œuvre d’Hofer est conservée.
Œuvre
Selon les témoignages, Josef Hofer dessinait déjà enfant, il « recopiait des livres d’images » et représentait « son environnement immédiat, la vie paysanne, les chevaux, les chars, les outils, la vannerie, les machines agricoles. » 1. Néanmoins aucun dessin de cette époque n’a été conservé. Ce n’est qu’en 1998, grâce à l’intervention d’Élisabeth Telsnig, que sa production a été systématiquement préservée. À partir de 2001, Hofer dessine principalement des autoportraits en pied, déshabillés. "Il entoure ses nus avec des cadres, comme pour former un cocon protecteur. Frontaux, crus, le sexe rehaussé de rouge, ses corps sont souvent sans pieds ni tête ou alors contraints dans l'espace restant." 2 Michel Thévoz relie ce phénomène à deux évènements : l’achat d’un miroir dans lequel il s’observe plusieurs heures par jour et la découverte d’un album de quatre photographes américains qui traitent du nu masculin. Le sexe masculin est amplement représenté et l’onanisme est un des sujets récurrents de l’œuvre d'Hofer3.
Elisabeth Telsnig décrit sa méthode de travail comme suit: «Il parcourt l'atelier en riant, saisit immédiatement son matériel, un crayon noir, des crayons de couleur, une gomme et un taille-crayon, et travaille de façon autonome avec une grande persévérance. [...] Il gomme souvent, cherche sans cesse de meilleures positions pour ses figures ou des constructions plus précises pour ses machines. Il m'annonce clairement quand il considère son travail comme terminé, toujours en riant, et m'explique par signes le degré d'achèvement du dessin.»4.
Par le biais d’Élisabeth Telsnig, la Collection de l’Art Brut [archive] possède une centaine d’œuvres de cet artiste. Ce musée lausannois lui a consacré une première rétrospective en 2003 et une seconde en 2012. En outre d’autres collections ont accueilli son œuvre en leur sein telles que The Museum of Everything [archive], Art)&(marge [archive], Arnulf Rainer… Il a également été exposé par la galerie am Stein [archive] et par la galerie christian berst [archive]5.
Josef Hofer est en 1945 en Bavière. Lui et son frère Walter, né 5 ans plus tôt, souffrent d’un retard mental, de difficultés d’audition et d’élocution. Josef Hofer souffre également d’une mobilité limitée et ne parle presque pas. Leurs parents les élèvent dans une ferme en Haute Autriche et ne les scolarisent pas.
En 1982, le père d’Hofer meurt et sa mère part vivre à Kirchlag avec ses fils. Dès 1985, Josef Hofer fréquente l’hôpital de jour de Linz et, en 1992, il intègre l’institution de Ried, à Innkreis, en Autriche. Là, Élisabeth Telsnig, historienne de l’art et qui collabore à des ateliers pour handicapés mentaux, rencontre Hofer en 1997, découvre son goût pour le dessin et l’encourage dans cette voie. À partir de 1998, l’œuvre d’Hofer est conservée.
Œuvre
Selon les témoignages, Josef Hofer dessinait déjà enfant, il « recopiait des livres d’images » et représentait « son environnement immédiat, la vie paysanne, les chevaux, les chars, les outils, la vannerie, les machines agricoles. » 1. Néanmoins aucun dessin de cette époque n’a été conservé. Ce n’est qu’en 1998, grâce à l’intervention d’Élisabeth Telsnig, que sa production a été systématiquement préservée. À partir de 2001, Hofer dessine principalement des autoportraits en pied, déshabillés. "Il entoure ses nus avec des cadres, comme pour former un cocon protecteur. Frontaux, crus, le sexe rehaussé de rouge, ses corps sont souvent sans pieds ni tête ou alors contraints dans l'espace restant." 2 Michel Thévoz relie ce phénomène à deux évènements : l’achat d’un miroir dans lequel il s’observe plusieurs heures par jour et la découverte d’un album de quatre photographes américains qui traitent du nu masculin. Le sexe masculin est amplement représenté et l’onanisme est un des sujets récurrents de l’œuvre d'Hofer3.
Elisabeth Telsnig décrit sa méthode de travail comme suit: «Il parcourt l'atelier en riant, saisit immédiatement son matériel, un crayon noir, des crayons de couleur, une gomme et un taille-crayon, et travaille de façon autonome avec une grande persévérance. [...] Il gomme souvent, cherche sans cesse de meilleures positions pour ses figures ou des constructions plus précises pour ses machines. Il m'annonce clairement quand il considère son travail comme terminé, toujours en riant, et m'explique par signes le degré d'achèvement du dessin.»4.
Par le biais d’Élisabeth Telsnig, la Collection de l’Art Brut [archive] possède une centaine d’œuvres de cet artiste. Ce musée lausannois lui a consacré une première rétrospective en 2003 et une seconde en 2012. En outre d’autres collections ont accueilli son œuvre en leur sein telles que The Museum of Everything [archive], Art)&(marge [archive], Arnulf Rainer… Il a également été exposé par la galerie am Stein [archive] et par la galerie christian berst [archive]5.
Stanislas Holas
Czech Republic
1905-1989
Art médiuminique
Stanislas Holas est un artiste médiumnique d’un cercle spirite de Moravie du Sud.
Tonnelier de métier, il fut ensuite gendarme.
Il dessine très tôt jusqu’à un âge très avancé, avec de longues pauses. Il intensifie sa production après la mort de sa femme, en 1969.
Ses dessins sont présentés dans diverses expositions médiumniques en Tchécoslovaquie et à New York en 1937.
?
Les représentations figuratives de ses premiers dessins (autour des années 1920) disparaissent dans les œuvres des années 1940, qui représentent des objets vibrants aux couleurs chaudes, ou des formes rondes et ondulatoires. Sur certains de ses dessins on distingue des écritures spirites. A partir des années 60, il travaille à l'encre de chine qui témoigne de son inspiration puisée dans les ornements caractéristiques des costumes folkloriques de la Moravie du Sud.
Tonnelier de métier, il fut ensuite gendarme.
Il dessine très tôt jusqu’à un âge très avancé, avec de longues pauses. Il intensifie sa production après la mort de sa femme, en 1969.
Ses dessins sont présentés dans diverses expositions médiumniques en Tchécoslovaquie et à New York en 1937.
?
Les représentations figuratives de ses premiers dessins (autour des années 1920) disparaissent dans les œuvres des années 1940, qui représentent des objets vibrants aux couleurs chaudes, ou des formes rondes et ondulatoires. Sur certains de ses dessins on distingue des écritures spirites. A partir des années 60, il travaille à l'encre de chine qui témoigne de son inspiration puisée dans les ornements caractéristiques des costumes folkloriques de la Moravie du Sud.
Siegfried Klapper
South Africa
Jacques Lacomblez
Belgium
1934
Surrealism
Jacques Lacomblez se passionne dès son adolescence pour le Romantisme allemand, Richard Wagner, Gustav Mahler, le Symbolisme, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud, le Surréalisme, l'histoire des Cathares, Karl Marx, Sigmund Freud et la psychanalyse ou encore, mystique athée, à certains aspects de la gnose orientale. Il peint ses premiers tableaux d’esprit surréaliste à l’âge de 15 ans lorsqu’il découvre l’univers de Giorgio De Chirico puis celui de Max Ernst qui exerce une forte influence sur son travail. Il a aussi une grande admiration pour Kandinsky et Piet Mondrian. En janvier 1952, sa première exposition a lieu à la Galerie Saint-Laurent, à Bruxelles, réputée pour être un haut lieu de découverte de jeunes talents.
Dans le domaine de l'écriture poétique, après avoir été influencé très jeune par Jacques Prévert, la découverte de Breton et de Benjamin Péret inaugure une nouvelle voie où l'automatisme prendra son importance. Mais l'empreinte de Mallarmé, de recueils comme "Serres Chaudes" de Maeterlinck et "Les Reposoirs de la Procession" de Saint-Pol-Roux restera déterminante. Jacques Lacomblez rencontre René Magritte au début des années 1950 et fréquente les poètes surréalistes belges comme E. L. T. Mesens, Achille Chavée, Marcel Havrenne, Marcel Lecomte ou Paul Nougé. En 1956, il fait la connaissance d'Edouard Jaguer, animateur du mouvement et de la revue "Phases", avec qui il collabore étroitement à l'organisation des différentes activités et participe aux nombreuses expositions en Europe comme en Amérique latine et en Amérique du Nord. Il crée les éditions et la revue "Edda" qui comptera 5 numéros (de 1958 à 1965), et les éditions "L’Empreinte et la Nuit" qui publient des recueils de poèmes de Daniel Abel, Achille Chavée, Claude Tarnaud et Jean Thiercelin ainsi que les siens.
En 1958, par l'intermédiaire de Jean-Jacques Lebel, il rencontre André Breton. À la même époque, il entre en relation étroite avec plusieurs surréalistes dont Georges Henein, Wifredo Lam, Karl Otto Götz, Robert Benayoun, Jean-Pierre Duprey, Gérard Legrand, etc.
Sous l’impulsion de Marcel Lecomte et de Breton, il passe un an en pays Cathares, principalement à Montségur et dans le Sud-Ouest de la France. Durant ce séjour marquant, il se lie d'amitié avec Jean Thiercelin, Adrien Dax et Christian d’Orgeix.
Lacomblez participe à deux importantes Expositions Internationales du Surréalisme : en 1959 à la Galleria Schwarz de Milan, intitulée "Mostra Internazionale del Surrealismo" et en 1961, à l’initiative de Breton et de Marcel Duchamp, à la Galerie D’Arcy à New-York, titrée « Le Domaine des enchanteurs ».
En 1963, débute une amitié jamais démentie avec le poète Claude Tarnaud 1; ensemble et avec Thiercelin, ils partageront, entre autres, la passion pour le jazz et fréquenteront assidûment Julio Cortázar parmi tant d'autres mémorables figures des Arts et des Lettres. Partagé entre Bruxelles et Paris, il rencontre la plupart des artistes et poètes surréalistes du monde entier ; il expose notamment à Paris, à Rome, en Allemagne, au Danemark et au Brésil.
En 1964, à l'occasion de ses 30 ans, une grande exposition lui est consacrée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Après la Pologne en 1980 (Poznañ, Varsovie...), le Musée d’Ixelles à Bruxelles propose sa première rétrospective en Belgique, en 1983.
Féru de musique ancienne, classique et contemporaine, Jacques Lacomblez a réalisé d'importants hommages picturaux à Mahler, Sibelius, Xenakis, Feldman, L. Nono, Grisey ou Ferneyhough... et pour le jazz à Duke Ellington, Thelonious Monk et Ornette Coleman. Il a également illustré plusieurs recueils de poètes, préfacé de nombreux catalogues d’exposition et ses poèmes ont été illustrés par divers artistes.
Sous son impulsion, plusieurs petites maisons d'édition belges et françaises ont fait (et vont faire) place à des auteurs comme Guy Cabanel, Roger Brielle, Gilles Petitclerc, Ludovic Tac et, bien sûr, ses amis Claude Tarnaud et Jean Thiercelin.
Une anthologie de ses poèmes établie par Alain Le Saux, "D'Ailleurs le désir", a paru aux Éditions Les Hauts-Fonds (Brest).
Ses œuvres ont été acquises par plusieurs collections et musées dont les Musées d'Art Moderne de Bruxelles, Rome, Jérusalem (collection Schwarz), Varsovie et Poznan.
Pour célébrer ses 75 ans et 60 ans de création, elles ont été présentées en automne 2009 dans une rétrospective organisée au Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc (Bretagne), en partenariat avec le Collectif des artistes plasticiens des Côtes d'Armor.
À l'occasion de ses 80 ans, la Galerie Quadri (Bruxelles) a présenté, au printemps 2014, une exposition rétrospective "Images de 1951 à 2013" ; à cette occasion est sortie de presse de presse une monographie illustrée en couleur avec des textes inédits de Guy Cabanel, Jean-Michel Goutier & Laurens Vancrevel qui complète celle déjà parue aux éditions Quadri en 2004..
Dans le domaine de l'écriture poétique, après avoir été influencé très jeune par Jacques Prévert, la découverte de Breton et de Benjamin Péret inaugure une nouvelle voie où l'automatisme prendra son importance. Mais l'empreinte de Mallarmé, de recueils comme "Serres Chaudes" de Maeterlinck et "Les Reposoirs de la Procession" de Saint-Pol-Roux restera déterminante. Jacques Lacomblez rencontre René Magritte au début des années 1950 et fréquente les poètes surréalistes belges comme E. L. T. Mesens, Achille Chavée, Marcel Havrenne, Marcel Lecomte ou Paul Nougé. En 1956, il fait la connaissance d'Edouard Jaguer, animateur du mouvement et de la revue "Phases", avec qui il collabore étroitement à l'organisation des différentes activités et participe aux nombreuses expositions en Europe comme en Amérique latine et en Amérique du Nord. Il crée les éditions et la revue "Edda" qui comptera 5 numéros (de 1958 à 1965), et les éditions "L’Empreinte et la Nuit" qui publient des recueils de poèmes de Daniel Abel, Achille Chavée, Claude Tarnaud et Jean Thiercelin ainsi que les siens.
En 1958, par l'intermédiaire de Jean-Jacques Lebel, il rencontre André Breton. À la même époque, il entre en relation étroite avec plusieurs surréalistes dont Georges Henein, Wifredo Lam, Karl Otto Götz, Robert Benayoun, Jean-Pierre Duprey, Gérard Legrand, etc.
Sous l’impulsion de Marcel Lecomte et de Breton, il passe un an en pays Cathares, principalement à Montségur et dans le Sud-Ouest de la France. Durant ce séjour marquant, il se lie d'amitié avec Jean Thiercelin, Adrien Dax et Christian d’Orgeix.
Lacomblez participe à deux importantes Expositions Internationales du Surréalisme : en 1959 à la Galleria Schwarz de Milan, intitulée "Mostra Internazionale del Surrealismo" et en 1961, à l’initiative de Breton et de Marcel Duchamp, à la Galerie D’Arcy à New-York, titrée « Le Domaine des enchanteurs ».
En 1963, débute une amitié jamais démentie avec le poète Claude Tarnaud 1; ensemble et avec Thiercelin, ils partageront, entre autres, la passion pour le jazz et fréquenteront assidûment Julio Cortázar parmi tant d'autres mémorables figures des Arts et des Lettres. Partagé entre Bruxelles et Paris, il rencontre la plupart des artistes et poètes surréalistes du monde entier ; il expose notamment à Paris, à Rome, en Allemagne, au Danemark et au Brésil.
En 1964, à l'occasion de ses 30 ans, une grande exposition lui est consacrée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Après la Pologne en 1980 (Poznañ, Varsovie...), le Musée d’Ixelles à Bruxelles propose sa première rétrospective en Belgique, en 1983.
Féru de musique ancienne, classique et contemporaine, Jacques Lacomblez a réalisé d'importants hommages picturaux à Mahler, Sibelius, Xenakis, Feldman, L. Nono, Grisey ou Ferneyhough... et pour le jazz à Duke Ellington, Thelonious Monk et Ornette Coleman. Il a également illustré plusieurs recueils de poètes, préfacé de nombreux catalogues d’exposition et ses poèmes ont été illustrés par divers artistes.
Sous son impulsion, plusieurs petites maisons d'édition belges et françaises ont fait (et vont faire) place à des auteurs comme Guy Cabanel, Roger Brielle, Gilles Petitclerc, Ludovic Tac et, bien sûr, ses amis Claude Tarnaud et Jean Thiercelin.
Une anthologie de ses poèmes établie par Alain Le Saux, "D'Ailleurs le désir", a paru aux Éditions Les Hauts-Fonds (Brest).
Ses œuvres ont été acquises par plusieurs collections et musées dont les Musées d'Art Moderne de Bruxelles, Rome, Jérusalem (collection Schwarz), Varsovie et Poznan.
Pour célébrer ses 75 ans et 60 ans de création, elles ont été présentées en automne 2009 dans une rétrospective organisée au Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Brieuc (Bretagne), en partenariat avec le Collectif des artistes plasticiens des Côtes d'Armor.
À l'occasion de ses 80 ans, la Galerie Quadri (Bruxelles) a présenté, au printemps 2014, une exposition rétrospective "Images de 1951 à 2013" ; à cette occasion est sortie de presse de presse une monographie illustrée en couleur avec des textes inédits de Guy Cabanel, Jean-Michel Goutier & Laurens Vancrevel qui complète celle déjà parue aux éditions Quadri en 2004..
Yves Laloy
Other
1920-1999
Surrealism
Yves Laloy, né le 13 juin 1920 à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort le 8 septembre 1999 à Cancale, est un architecte et un peintre surréaliste français.
Sylvain Larrière
France
1962
Jacques Le Maréchal
France
1928-2016
Jacques Le Maréchal est né en 1928 à Paris.
Après avoir écrit des poèmes, Jacques Le Maréchal réalise, à partir de 1952, des dessins « inextricables », puis des peintures à la fois transparentes et touffues qu'André Breton remarque. Cependant, il reste indépendant du groupe surréaliste.
Lors d'un séjour à Londres en 1955-1956, il découvre la gravure et ses techniques grâce à Robert Erskine3.
Sa première exposition est organisée à Londres en 1955.
Il a été considéré par certains comme le « chef de file » du mouvement informel appelé « visionnaire » dont font partie, entre autres, Didier Mazuru, qui a photographié beaucoup de ses œuvres, Georges Rubel, qui a été son « élève », Jean-Pierre Velly, Yves Doaré, Mordecai Moreh…
Après avoir écrit des poèmes, Jacques Le Maréchal réalise, à partir de 1952, des dessins « inextricables », puis des peintures à la fois transparentes et touffues qu'André Breton remarque. Cependant, il reste indépendant du groupe surréaliste.
Lors d'un séjour à Londres en 1955-1956, il découvre la gravure et ses techniques grâce à Robert Erskine3.
Sa première exposition est organisée à Londres en 1955.
Il a été considéré par certains comme le « chef de file » du mouvement informel appelé « visionnaire » dont font partie, entre autres, Didier Mazuru, qui a photographié beaucoup de ses œuvres, Georges Rubel, qui a été son « élève », Jean-Pierre Velly, Yves Doaré, Mordecai Moreh…
Ljuba
Other
1934
Surrealism
Ljuba Popovic dit Ljuba, né en 1934 à Tuzla en Bosnie Herzégovine, apprend le nu académique à l’École des Arts décoratifs et à l’Académie des Beaux-arts de Belgrade. « J’étais toujours un peu malheureux dans le travail d’après nature, car je voyais dans le modèle plus de choses qu’il n’y en avait. » Naîtront des nus aux tonalités sombres, très expressifs, décharnés et spectraux, mutilés ou corrodés, qui se métamorphosent partiellement en objets abstraits.
En 1963, Ljuba arrive à Paris et rencontre René de Solier, spécialiste de l’art fantastique qui, huit ans plus tard, écrira sur lui une première monographie. Les écrivains ou critiques qui s’intéressent à son travail sont souvent liés au mouvement surréaliste : Alain Jouffroy, André Pieyre de Mandiargues, Patrick Waldberg, Jean-Clarence Lambert, ou encore Sarane Alexandrian qui lui consacre une étude magistrale, désormais incontournable en 2003 : « La peinture cosmique de Ljuba révèle de la métaphysique expérimentale du Grand Jeu, dont Roger Gilbert-Lecomte a fixé le principe : « Nul ne peut être voyant et adepte d’une religion ou d’un système quelconque de pensée sans trahir sa vision. » On peut parler d’une sorte de mystique moderne chez Ljuba, parce qu’il a une conception du cosmos, du temps et de la mort qu’il met dans sa peinture, et que cette conception n’est pas scientifique, mais intuitive. » Mais il est difficile de le rattacher historiquement à ce mouvement qui le précède. « Il chasse dans les environs » comme dit Sarane Alexandrian, reprenant la formule d'André Breton sur Picasso.
En 1963, Ljuba arrive à Paris et rencontre René de Solier, spécialiste de l’art fantastique qui, huit ans plus tard, écrira sur lui une première monographie. Les écrivains ou critiques qui s’intéressent à son travail sont souvent liés au mouvement surréaliste : Alain Jouffroy, André Pieyre de Mandiargues, Patrick Waldberg, Jean-Clarence Lambert, ou encore Sarane Alexandrian qui lui consacre une étude magistrale, désormais incontournable en 2003 : « La peinture cosmique de Ljuba révèle de la métaphysique expérimentale du Grand Jeu, dont Roger Gilbert-Lecomte a fixé le principe : « Nul ne peut être voyant et adepte d’une religion ou d’un système quelconque de pensée sans trahir sa vision. » On peut parler d’une sorte de mystique moderne chez Ljuba, parce qu’il a une conception du cosmos, du temps et de la mort qu’il met dans sa peinture, et que cette conception n’est pas scientifique, mais intuitive. » Mais il est difficile de le rattacher historiquement à ce mouvement qui le précède. « Il chasse dans les environs » comme dit Sarane Alexandrian, reprenant la formule d'André Breton sur Picasso.
Waldemar Lorentzon
Sweden
Gherasim Luca
Romania
1913-1994
Surrealism
Ghérasim Luca (en roumain : Gherasim Luca), né à Bucarest le 23 juillet 1913 et mort à Paris le 9 février 1994, est un poète d'origine roumaine dont la majeure partie de l’œuvre a été publiée en français. Bien qu'il ait côtoyé certains surréalistes français, il n'a jamais appartenu au groupe.
Biographie
Né Salman Locker en Roumanie dans un milieu juif ashkénaze, comme son ami Paul Celan. Son père Berl Locker, tailleur, meurt en 1914. En contact avec les langues française et allemande à Bucarest au début des années 1930, pendant ses années de formation, il lit très tôt de nombreuses œuvres philosophiques.
En 1930, c'est le début d'une longue amitié avec Victor Brauner, qui illustrera plus tard plusieurs de ses livres. Luca publie ses premiers textes la même année, dans la revue Alge, et adhère peu après au parti communiste, alors illégal et clandestin. En 1937 il se marie avec Annie Rasicovici. Dès la fin des années 1930, tout en écrivant en roumain, il commence à écrire en français et prend le pseudonyme de Gherasim Luca. On a longtemps considéré Le Vampire passif (publié à Bucarest en 1945, avec des photographies de Théodore Brauner ; réédité par José Corti en 2001) comme le premier écrit du poète en français ; mais Iulian Toma note cependant l'existence d'un texte inédit datant de 1938 : Les Poètes de vingt ans ou une mère mange l'oreille de son enfant1. Il prend part à la fondation puis à l’activité du groupe surréaliste roumain, avec Gellu Naum, Dolfi Trost, Paul P?un et Virgil Teodorescu, avec qui il collabore, et publie la collection Infra-Noir en 1946-19472.
Dominique Carlat nous renseigne sur son retour en Roumanie : « La déclaration de guerre le surprend à Paris ; après quelques jours d'errance en Italie, il parvient à regagner la Roumanie avec Gellu Naum, le 26 juin 1940. Il vient d'échapper à la déportation »3.
En Roumanie, avant la fin de seconde guerre mondiale, il publie un manifeste non-œdipien, perdu à ce jour, qui toutefois irrigue l'œuvre dans son ensemble. De sa philosophie non-œdipienne ressort avant tout le refus de toute transcendance et le refus de la fatalité biologique. Dès lors, comme le dit Serge Martin, il vivra toujours sur la corde, tel un funambule, dansant sur la corde, dans une « reterritorialisation continue », « hors-la-loi des contraires »4.
Après un rapide passage en Israël, à partir de 1952, il s'installe définitivement à Paris, d'abord avec sa compagne, Mirabelle Dors, puis à partir de 1955 et jusqu'à sa mort avec la peintre Micheline Catti. Il vit à Montmartre, dans un vieil atelier, sans eau chaude ni salle de bain, au troisième étage, sous les toits, du 8 de la rue Joseph-de-Maistre. Parmi ses amis, on compte Victor Brauner, Jacques Hérold, Gilles Ehrmann, Wifredo Lam, Paul Celan et Gisèle Celan-Lestrange, Thierry Garrel, Jean Carteret, le poète Claude Tarnaud, l'artiste Béatrice de la Sablière, qui fut sa compagne de 1952 à 1955, elle-même également liée à Tarnaud et au poète Stanislas Rodanski. Il poursuit ses activités artistiques multiples et en particulier ses réalisations graphiques parmi lesquelles les « cubomanies », commencées dès 1945, sont remarquables. Il s'agit d'une sorte de collage, obtenu en découpant de manière régulière une image donnée en fragments carrés et en recollant aléatoirement les morceaux, selon une conception toute personnelle du hasard objectif. Linda Lê le décrit comme « irréconciliable, il ne se conformait qu'à une règle : rester à l'écart, ne pas se mêler à la tourbe des fauves aux dents longues. »5
Il parle le yiddish, le roumain, le français et l'allemand et devient un poète francophone reconnu, dont les récitals (selon son propre terme), qu'il initie dans les années 1960, ne laissent personne indifférent.
Son ami et complice Jacques Hérold, peintre, placarde sur les murs de Paris, peu avant mai 68, une liste de tableaux imaginée pour lui par André Breton et des poèmes de Ghérasim Luca.
À partir de 1973, les philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari lui rendent hommage, en soulignant à quel point son « bégaiement » renouvelle la poésie, en portant le langage aux limites et en taillant « dans sa langue une langue étrangère »6. Également, sa « position non-œdipienne », son « auto-détermination » comme re-création de soi, bien avant L'Anti-Œdipe, ne pouvaient, à la suite d'Artaud, que retenir l'attention des deux philosophes. Deleuze le cite dans ses dialogues avec Claire Parnet et en parle comme d'« un grand poète parmi les plus grands »7.
Dans une sorte de transe verbale, qui tient autant du rituel que de l'exercice spirituel, « à gorge dénouée »8, Ghérasim Luca lit lui-même ses poèmes, lesquels proposent une écriture d'une très grande complexité dont la volubilité et la retenue font les deux modalités contradictoires mais toujours associées. Tantôt participant à des cycles ou à des projets de livre, chaque poème est minutieusement organisé jusqu'à sa typographie en utilisant le jeu des pages, tenant ainsi au plus fort du livre une oralité de l'écriture pleine de rythme : « je m'oralise », écrit-il. Son travail manifeste, depuis le début, une véritable obsession de la mort sous toutes ses formes tout en recherchant le plus vivant du langage jusque dans l'écriture de mots-valises et de formes syntaxiques défaisant tout académisme langagier pour inventer une véritable « cabale phonétique », une langue riche de nouvelles relations. Exemple le plus célèbre de ce « tangage de la langue »9, le poème Passionnément (1947)10 constitue à lui seul une prouesse remarquable, formidable cri de vie et d'amour, puisqu'il (ré)invente l'amour en tenant politique, éthique et poétique d'un même souffle loin de toutes les dichotomies habituelles (lyrisme/objectivisme ou intime/public, etc.). Évoquant son « parler apatride », André Velter écrit qu’il outrepasse les codes de sa langue d’adoption, « homme de nulle part enfin, il parle ici une langue tout à fait sienne qui excède autant le bon goût des linguistes et des grammairiens que le bon style des littérateurs, la bonne pensée des idéologues ou les bonnes mœurs des tenants de l’ordre grégaire. »11
Dans la tradition kabbalistique du langage, toute son œuvre participe d'une mise en mouvement de la langue, des idées et du corps, indissociablement liés dans un tourbillon d'érotisation générale : une « orgie de mots », qui cherche à « prendre corps » (Paralipomènes). Une manière explosive d'affoler le langage, et de le mettre en état de métamorphoses et mouvement permanent. Ghérasim Luca se livre en effet à une radicale pensée et réinvention du langage, au sens d'un corps-langage, pris dans une incessante « morphologie de la métamorphose » (titre d'un poème dans Héros-Limite)12, qui vise à mettre en mouvement toute la métaphysique : c'est ainsi que le poème « Quart d'heure de culture métaphysique »13 témoigne d'une sortie, à la fois douloureuse et jubilatoire, de la culture métaphysique, une physique du langage contre « le grand tout métaphysique »14. Définitivement « hors la loi », le poète Luca est ce « héros-limite » dont la vie et le cheminement poétique se résument dans un refus de toutes les limites, identités, essences, modes, idéologies, patries, de tous les académismes, enfermements, qu'ils soient politiques, éthiques, religieux, rhétoriques, selon sa formule : « comment s'en sortir sans sortir »15. Vincent Teixeira précise ainsi l'insoumission du poète : « Luca est de ces irréductibles enragés, aventuriers de l'esprit et aventuriers du langage, qui refusent toute allégeance, toute compromission avec les mensonges idéologiques, même tacites, mollement consensuels, les innombrables conformismes et entreprises de normalisation et asservissement des corps et des esprits, bref un refus du monde tel qu'il est ou tel qu'on voudrait nous faire croire qu'il est. Un refus barbare, contre toutes les barbaries de l'histoire »16.
À l'écart de tout mouvement ou école, contre les langages et les corps instrumentalisés, sa poésie apparaît ainsi comme une tentative théâtrale d'inventer un langage inconnu (que symbolisent par exemple les titres Le Chant de la carpe ou Théâtre de bouche), l'invention d'une langue et d'un vivre, et conjointement une réinvention de l'amour et du monde, car selon lui « tout doit être réinventé »17. La poésie, le rêve, l'amour et la révolution ne font qu'un, puisque dire le poème, dire le mot consiste à dire le monde : « gRÈVE / GÉNÉRALe / sans fin / ni commencement / LA POÉSIE / SANS LANGUE / LA RÉVOLUTION / SANS PERSONNE / L’AMOUR / SANS / FIN »18. Dans cette expérience qui tient la poésie et la vie au plus vif, le désespoir est surmonté par « l'appel d'air du rire / à mourir de fou rire »19. Selon lui, avec autant de jouissance que de révolte, autant d'humour que de désespoir, la poésie est une aventure humaine, qui engage le devenir de l'homme et du monde, non pour divertir, mais pour changer le monde, puisqu'« une lettre, c'est l'être lui-même », dit Ghérasim Luca.
Marguerite Bonnet n'ayant pas réussi à persuader Gallimard d'éditer ses textes, à partir de 1985, ce sont les Éditions José Corti qui rééditent certains de ses anciens livres, à commencer par les trois parus aux Éditions Le Soleil noir, et publient ensuite les inédits. Pour tous ses livres édités, Ghérasim Luca apportait un soin extrême à la « physique » du livre, au format, comme à la disposition de chaque poème.
À la fin des années quatre-vingt, l'atelier dans lequel il vit, rue Joseph-de-Maistre est jugé insalubre par l'administration, et il est alors expulsé et contraint de l'évacuer. Pour obtenir d’être relogé, il doit justifier d’une explicite appartenance nationale ; lui qui se considérait, depuis toujours, comme apatride devra alors se résoudre, contraint et forcé, à être naturalisé français, épousant par la même occasion sa compagne, Micheline Catty, en 1990. Ajoutés au poids des brimades passées et à la hantise des idéologies raciste et antisémite, ce déménagement forcé (dans un appartement de la rue Boyer, dans le 20e arrondissement) et cette obligation administrative l'affectèrent profondément, participant à l'assombrissement des dernières années de sa vie.
En 1994, fidèle à sa pensée dans son droit absolu à cette ultime décision (exprimé notamment dans La Mort morte, qui semble sceller son « destin-suicide »), comme dans son refus d'obéir à un destin biologique, il met fin à ses jours, « puisqu'il n'y a plus de place pour les poètes dans ce monde », comme il l'écrit dans une lettre d'adieu qu'il laisse à sa compagne. Comme Paul Celan 24 ans plus tôt, il se suicide en se jetant dans la Seine le 9 février ; son corps sera retrouvé le 10 mars20.
Postérité
Son ami le photographe Gilles Ehrmann lui a rendu hommage avec La Maison d'yeux (1994).
Il avait passé quarante ans en France sans papiers et « apatride », allant chaque année à la Préfecture de police pour renouveler son permis de séjour, avant d'obtenir vers la fin de sa vie la nationalité française. À partir de 1955, il vécut avec la peintre Micheline Catti qu'il épousa par la suite. Elle a participé à certains de ses plus beaux ouvrages dans lesquels graphismes et textes se conjuguent.
Son influence a fécondé, de son vivant, des poètes comme Serge Pey, Jean-Pierre Verheggen, Joël Hubaut, Olivier Cadiot, Julien Blaine, Serge Ritman ou Christophe Tarkos, et elle ne cesse de grandir, comme en témoignent les récentes adaptations de son œuvre au théâtre et les nombreuses études qui paraissent sur son œuvre et sur lui.
En 2012, le chanteur français Arthur H met en musique son poème Prendre corps et Christophe Chassol, un extrait de son poème Passionnément.
En mai 2016 la revue Europe a consacré son no 1045 (dirigé par Serge Martin) à Ghérasim Luca.
Dans le cadre de la Saison France-Roumanie, une exposition intitulée « Ghérasim Luca - Héros-limite » lui est consacrée au Centre Pompidou du 28 novembre 2018 au 7 janvier 2019, à partir de la donation exceptionnelle consentie par Micheline Catti-Ghérasim Luca auprès du Musée national d'Art moderne 21.
Œuvres
Un loup à travers une loupe, Bucarest, 1942. Poèmes en prose, publiés premièrement en roumain, puis traduits par l'auteur en français et publiés aux Éditions José Corti, Paris, 1998
L'Inventeur de l'amour suivi de La Mort morte, Bucarest, 1945. Poèmes en prose, publiés en roumain, puis traduits par l'auteur en français et publiés aux Éditions José Corti, Paris, 1994
Quantitativement aimée, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1944
Le Vampire passif, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1945. Illustré par des photographies de Théodore Brauner ; réédition, Paris, José Corti, 2001. Réédition du manuscrit en fac-similé, présentée par Petre R?ileanu et Nicolae Tzone, Bucarest, Editura Vinea, 2016
Dialectique de la dialectique, en collaboration avec Dolfi Trost, Bucarest, Éditions surréalistes, 1945
Les Orgies des Quanta, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1946
Amphitrite, mouvements sur-thaumaturgiques et non-œdipiens, Bucarest, Éditions de l’Infra-noir, 1947 ; réédition, Paris, "La maison de verre", 1996
Le Secret du vide et du plein, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1947 ; réédition, Paris, "La maison de verre", 1996
Héros-Limite, avec trois dessins de Jacques Hérold, Paris, Le Soleil Noir, 1953 ; réédition, 1970 ; réédition, Paris, José Corti, 1985
Ce Château Pressenti, avec une gravure de Victor Brauner, Paris, Méconnaissance, 1958. Ce poème fait partie de Un loup à travers une loupe.
La Clef, Poème-Tract, Paris, 1960
L'Extrême-Occidentale, avec 7 gravures de Jean Arp, Victor Brauner, Max Ernst, Jacques Hérold, Wifredo Lam, Roberto Matta, Dorothea Tanning, Paris, Éditions Mayer, Lausanne, 1961 ; réédition, Paris, José Corti, 2013
La Lettre, Paris, 1960
Présence de l'imperceptible, 'Vers le Non-Mental' et 'Vers la Pure Nullité', illustré par des Ponctuations de Pol Bury des années 1953-1961, Chatelet, c 1962
Le Sorcier noir, avec Jacques Hérold, Paris, 1962
Sept slogans ontophoniques, avec des gravures de Augustin Fernandez, Enrique Zanartu, Gisèle Celan-Lestrange, Jacques Hérold, Brunidor, Paris, 1963 ; réédition, Paris, José Corti, 2008
Poésie élémentaire, Éditions Brunidor, Vaduz, Liechtenstein, 1966
Apostroph'Apocalypse, avec 14 gravures de Wifredo Lam, Milan, Éditions Upiglio, 1967
Sisyphe Géomètre, avec une sculpture électrique de Piotr Kowalski à partir de bulles de verre renfermant des gaz rares, Paris, Éditions Claude Givaudan, 1967
Droit de regard sur les idées, Paris, Brunidor, 1967
Déférés devant un tribunal d'exception, Paris, 1968
Dé-Monologue, avec des gravures de Micheline Catty, Paris, Brunidor, 1969, repris dans Paralipomènes
La Fin du monde, avec un frontispice de Micheline Catty et 5 dessins de Ghérasim Luca, Paris, Éditions Petitthory, 1969
Le Tourbillon qui repose, Critique et Histoire, 1973
Le Chant de la carpe, Paris, Le Soleil Noir, 1973 avec un disque de sa voix et une sculpture en verre et miroirs de Piotr Kowalski ; réédition, Paris, José Corti, 1985
Présence de l'imperceptible, Franz Jacob, Châtelet, illustré d'œuvres de Pol Bury, sans date
Paralipomènes, avec un objet "cubomanie" du poète, Paris, Le Soleil Noir, 1976 ; réédition, Paris, José Corti, 1986
Théâtre de Bouche, avec des gravures et 9 dessins de Micheline Catty, Paris, Criapl'e, 1984 ; réédition, Paris, José Corti, 1987
Satyre et Satrape, Barlfeur, Éditions de la CREM, 1987
« Argol. Comme un monologue à peine dirigé », dans Qui vive ? Autour de Julien Gracq (recueil de textes de 29 écrivains consacrés à Julien Gracq), Paris, Éditions José Corti, 1989.
La proie s'ombre, Paris, Éditions José Corti, 1991
Le Cri, Paris, Éditions Au fil de l'encre, 1995
La voici la voie silanxieuse, Paris, Éditions José Corti, 1997
Levée d'écrou, Paris, Éditions José Corti, 2003
Le chat double pain trouble..., illustré par Victor Brauner, Paris, Éditions Les loups sont fâchés, 2005
...pour quelques amis lointains..., Correspondance avec Tilo Wenner, Paris, Éditions des Cendres, 2015
La Paupière philosophale, Paris, Éditions José Corti, 2016 (poème éponyme précédemment édité dans Le Chant de la carpe
Je m'oralise, Paris, Éditions José Corti, 2018 (fac-similé d'un manuscrit, composé entre 1964 et 1968, faisant alterner des poèmes et des dessins constitués de points)
Performances
1967 : Stockholm, Moderna Museet
1968 : Vaduz, Aula der Volksschule
1969 : Paris, Musée d'Art Moderne
1970 : Paris, Atelier de création radiophonique
1971 : Paris, Galerie Albertus Magnus
1973 : Stockholm, Franska Institut
1975 : Paris, Musée d’Art Moderne
1977 : Sceaux, Les Gémeaux
1977 : Paris, La Hune
1981 : Paris, Centre Georges Pompidou
1984 : New York, Polyphonix 07, Museum of Modern Art
1984 : New York, La Maison française, New York University & Columbia University
1984 : San Francisco, International Festival of Language and Performance
1985 : Oslo, 1er Festival International de Poésie
1986 : Villeneuve d’Ascq, Musée d’Art Moderne
1986 : Paris, Polyphonix 10, Galerie Lara Vincy
1987 : Paris, Polyphonix 11, "La Revue parlée", Centre Georges Pompidou
1988 : Genève
1989 : Rencontres internationales de poésie contemporaine, Tarascon.
1991 : Paris, Centre Georges Pompidou
1991 : Marseille, Centre international de poésie (cipM)
Monographies, dossiers et articles
Par ordre alphabétique
Sarane Alexandrian, « Le poète sans repentir », Supérieur Inconnu, no 5,? octobre-décembre 1996.
Sarane Alexandrian (trad. Nicolae Tzone, Ioan Prigoreanu et Marilena Munteanu), L'Évolution de Gherasim Luca à Paris, 2006.
Pierrick Brient, « L'insistance sur l'homophonie chez Gherasim Luca. Création poétique et association libre », Le Coq Héron, no 189,? 2008.
Dominique Carlat, Ghérasim Luca l'intempestif, Paris, José Corti, 2001.
Collectif, L'Aimance - Charles Duits - Gherasim Luca, revue bimestrielle Poésie94, no 53, juin 1994.
Charlène Clonts, « Les synesthésies dans les cubomanies et l'écriture poétique de Gherasim Luca », dans Ekphrasis, no 7, Université Babes-Bolai de Cluj-Napoca, Editura Accent, Cluj-Napoca, juin 2012.
Charlène Clonts, « Ghérasim Luca et ses fleurs du mal », dans Caietele avangardei, no 2, Muzeului National al Literaturii Române, Bucuresti, décembre 2013.
Charlène Clonts, « Je m'oralise : Gherasim Luca et le Théâtre de bouche », dans Mélusine - Cahiers du centre de recherches sur le surréalisme, n°XXXIV, L'Âge d'Homme, février 2014.
Charlène Clonts, « Ghérasim Luca et la vie dans le vide », dans L'Hétérogène dans les littératures de langue française, Paris, L'Harmattan, 2015.
Benoît Decron (éd.), Ghérasim Luca, Cahiers de l'Abbaye Sainte-Croix, no 110, Les Sables d'Olonne - Marseille - Saint-Yrieix-la-Perche, 2008, 2009.
Comprend des textes de Nicoleta manucu, Charles Soubeyran, Thierry Garrel, Aurélia Gibus, Benoît Decron ainsi que les reproductions de 77 cubomanies et quelques photographies.
Patrice Delbourg, « Ghérasim Luca, bégayeur des nuées », dans Les désemparés - 53 portraits d'écrivains, Paris, Le Castor astral, 1996, p. 141-142.
Gilles Deleuze, « Bégaya-t-il », dans Critique et clinique (p. 135-143), Paris, Minuit, 1993.
Gilles Deleuze, Un Manifeste de moins (p. 108-109), Paris, Minuit, 2004 (in Superpositions, écrit avec Carmelo Bene).
Pierre Dhainaut, « À gorge dénouée », La Quinzaine littéraire, no 178, janvier 1977.
Rémi Froger, « Intonation, détonation », Dossier Ghérasim Luca, Fusées, no 7, 2003, avec un texte inédit de Luca : V'ivre au m'onde.
Hyperion, Numéro spécial Ghérasim Luca, Volume VII, no 3, octobre 2013.
Nicole Manucu, De Tristan Tzara à Ghérasim Luca. Impulsions des modernités roumaines au sein de l'avant-garde européenne, Paris, Honoré Champion, 2014.
Serge Martin (dir.) : Avec Ghérasim Luca passionnément, Saint-Benoît-du-Sault, éditions Tarabuste (supplément à la revue Triages), 2005.
Reprend les actes de la journée d'étude Ghérasim Luca à gorge dénouée organisée à l'Université de Cergy-Pontoise le 10 décembre 2004. Comprend les communications de Serge Martin, Laurent Mourey, Daniel Delas, Julian Toma, Zéno Bianu, Elke de Rijcke, Nicoletta Manucu, Patrick Quillier, Cendrine Varet, Oriane Barbey, Philippe Païni, Marie Cosnefroy-Dollé, Patrick Fontana et une bibliographie exhaustive réalisée par Cendrine Varet et Serge Martin.
Serge Martin, « Écouter l’indicible avec les poèmes de Ghérasim Luca », dans Interférences littéraires, nouvelle série, no 4, « Indicible et littérarité », dir. Lauriane Sable, mai 2010.
Serge Martin (dir.) : Ghérasim Luca, Europe, no 1045, mai 2016 : textes de Ghérasim Luca, contributions de Patrick Beurard-Valdoye, Dominique Carlat, Charlène Clonts, Pierre Dhainaut, Bertrand Fillaudeau, Patrick Fontana, Anne Foucault, Thierry Garrel, Joël Gayraud, Bernard Heidsieck, Nicole Manucu, Serge Martin, Alice Massénat, Laurent Mourey, Jean-Jacques Lebel, Sibylle Orlandi, Charles Pennequin, Sébastian Reichmann, Alfredo Riponi, Vincent Teixeira, Iulian Toma, Monique Yaari.
Serge Martin, Ghérasim Luca, une voix inflammable, Saint Benoît du Sault, éditions Tarabuste, 2018, 236 p.
Sibylle Orlandi, « Les signes en jeu : surgissement et opacification dans les créations poétiques et plastiques de Ghérasim Luca », Thèse de doctorat Lettres et Arts Lyon 2, 2015 (dir. Dominique Carlat). http://www.theses.fr/2015LYO20083.
Petre R?ileanu, Gherasim Luca, Paris, Oxus, coll. « Les étrangers de Paris - Les Roumains de Paris », 2004.
Petre R?ileanu, « Le Vampire passif, un nouvel ordre poétique du monde », dans la réédition du manuscrit en fac-similé du Vampire passif, présentée par Petre R?ileanu et Nicolae Tzone, Bucarest, Editura Vinea, 2016, p. 393-438.
Petre R?ileanu, Les avant-gardes en Roumanie. La charrette et le cheval-vapeur, Paris, éditions Non Lieu, 2018, 220 p., 200 illustrations couleurs.
Vincent Teixeira, « Le tangage de la langue de Ghérasim Luca - Une écriture du trou dans le tout », Fukuoka University Review of Literature and Humanities (Japon), no 154, décembre 2007.
Vincent Teixeira, « Ghérasim Luca, héros limite de la poésie française », Fukuoka University Review of Literature and Humanities (Japon), no 152, juin 2007.
Vincent Teixeira, « Des écrivains de nulle part. Ces autres "français" venus d'ailleurs », Fukuoka University Review of Literature and Humanities (Japon), no 150, décembre 2006.
Vincent Teixeira, « De Rimbaud à Luca - des voies silencieuses ? », Le silence, revue Alkemie, no 13, Paris, Classiques Garnier, 2014.
Iulian Toma, Gherasim Luca ou l'intransigeante passion d'être, préface de Jacqueline Chénieux-Gendron, Paris, Honoré Champion, 2012.
Yannick Torlini, Ghérasim Luca, le poète de la voix : ontologie et érotisme, Paris, L'Harmattan, 2011.
André Velter, Ghérasim Luca passio passionnément, Paris, Jean-Michel Place, 2001.
Monique Yaari (dir.), Infra-Noir, un et multiple : un groupe surréaliste entre Bucarest et Paris, 1945-1947, Oxford, Éditions Peter Lang, 2014.
Discographie et Filmographie
Bain de sang, Ghérasim Luca lit 3 poèmes au MoMA, New York, octobre 1984 (ADLM, 1998).
Ghérasim Luca par Ghérasim Luca, double CD contenant 17 poèmes récités, José Corti / Héros-Limite, 2001.
Comment s'en sortir sans sortir, « Récital télévisuel » dans lequel Ghérasim Luca dit huit poèmes, réalisé par Raoul Sangla, La Sept/CDN/FR3, 1989; rééd., en DVD, accompagnée d'un livret reprenant tous les textes, José Corti éditeur, 2008.
Two Poems, « Autres secrets du vide et du plein » (1971) / « Crimes sens initiales » [sic] (1972). Disque 33? tours : Alga Marghen, Plana-L 18VocSon065, 2009.
Notes
? Iulian Toma, Gherasim Luca ou l'intransigeante passion d'être, préface de Jacqueline Chénieux-Gendron, Honoré Champion, 2012, p. 43.
? C'est dans cette collection que fut publié pour la première fois le célèbre poème « Passionnément », Infra-Noir, Bucarest, 1947 ; rééd. « La maison de verre », Paris, 1996.
? Dominique Carlat, Gherasim Luca l'intempestif, José Corti, Paris, 1998, p. 27.
? Cf. Serge Martin, « Ghérasim Luca, sur la corde sans fin ni commencement », dans Ghérasim Luca, Europe, no 1045, mai 2016, p. 3-17.
? Linda Lê, Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau, Éditions Christian Bourgois, Paris, 2009, p. 107.
? Gilles Deleuze écrit dans « Bégaya-t-il » : « Si la parole de Ghérasim Luca est éminemment poétique, c'est parce qu'il fait du bégaiement un affect de la langue, non pas une affection de la parole. C'est toute la langue qui file et varie pour dégager un bloc sonore ultime, un seul souffle à la limite du cri "je t'aime passionnément". », Critique et clinique, Éditions de Minuit, Paris, 1993, p. 139.
? Gilles Deleuze, Dialogues avec Claire Parnet, Paris, Flammarion, 1977, p. 10.
? « À gorge dénouée » dans Le Chant de la carpe, José Corti, Paris, 1986, p. 99-104.
? Le Tangage de ma langue, dans Ghérasim Luca par Ghérasim Luca, double CD audio regroupant des enregistrements en récitals et privés, direction artistique : Nadèjda et Thierry Garrel, José Corti, Paris, 2001.
? Le Chant de la carpe, p. 87-94.
? André Velter, « Parler apatride », Préface à G. Luca, Héros-Limite, Gallimard, coll. « Poésie », Paris, 2002, p. VII.
? « La Morphologie de la Métamorphose » dans Héros-Limite, José Corti, Paris, 1985, p. 61-64.
? Le Chant de la carpe, p. 9-15.
? Héros-Limite, p. 19.
? « Apostroph’Apocalypse », Paralipomènes, José Corti, Paris, 1986, p. 82.
? Vincent Teixeira, « Un barbare dans les Lettres françaises », dans Ghérasim Luca, Europe, dir. Serge Martin, no 1045, mai 2016, p. 110.
? « Tout doit être réinventé / il n'y a plus rien au monde », L'Inventeur de l'amour, José Corti, Paris, 1994, p. 11.
? « gRÈVE GÉNÉRALe » dans La Proie s'ombre, José Corti, Paris, 1991, p. 45-55.
? « Le verbe » dans Le Chant de la carpe, p. 164.
? Linda Lê, Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau, p. 109
? « Ghérasim Luca - Héros-limite », Centre Pompidou [archive]
Biographie
Né Salman Locker en Roumanie dans un milieu juif ashkénaze, comme son ami Paul Celan. Son père Berl Locker, tailleur, meurt en 1914. En contact avec les langues française et allemande à Bucarest au début des années 1930, pendant ses années de formation, il lit très tôt de nombreuses œuvres philosophiques.
En 1930, c'est le début d'une longue amitié avec Victor Brauner, qui illustrera plus tard plusieurs de ses livres. Luca publie ses premiers textes la même année, dans la revue Alge, et adhère peu après au parti communiste, alors illégal et clandestin. En 1937 il se marie avec Annie Rasicovici. Dès la fin des années 1930, tout en écrivant en roumain, il commence à écrire en français et prend le pseudonyme de Gherasim Luca. On a longtemps considéré Le Vampire passif (publié à Bucarest en 1945, avec des photographies de Théodore Brauner ; réédité par José Corti en 2001) comme le premier écrit du poète en français ; mais Iulian Toma note cependant l'existence d'un texte inédit datant de 1938 : Les Poètes de vingt ans ou une mère mange l'oreille de son enfant1. Il prend part à la fondation puis à l’activité du groupe surréaliste roumain, avec Gellu Naum, Dolfi Trost, Paul P?un et Virgil Teodorescu, avec qui il collabore, et publie la collection Infra-Noir en 1946-19472.
Dominique Carlat nous renseigne sur son retour en Roumanie : « La déclaration de guerre le surprend à Paris ; après quelques jours d'errance en Italie, il parvient à regagner la Roumanie avec Gellu Naum, le 26 juin 1940. Il vient d'échapper à la déportation »3.
En Roumanie, avant la fin de seconde guerre mondiale, il publie un manifeste non-œdipien, perdu à ce jour, qui toutefois irrigue l'œuvre dans son ensemble. De sa philosophie non-œdipienne ressort avant tout le refus de toute transcendance et le refus de la fatalité biologique. Dès lors, comme le dit Serge Martin, il vivra toujours sur la corde, tel un funambule, dansant sur la corde, dans une « reterritorialisation continue », « hors-la-loi des contraires »4.
Après un rapide passage en Israël, à partir de 1952, il s'installe définitivement à Paris, d'abord avec sa compagne, Mirabelle Dors, puis à partir de 1955 et jusqu'à sa mort avec la peintre Micheline Catti. Il vit à Montmartre, dans un vieil atelier, sans eau chaude ni salle de bain, au troisième étage, sous les toits, du 8 de la rue Joseph-de-Maistre. Parmi ses amis, on compte Victor Brauner, Jacques Hérold, Gilles Ehrmann, Wifredo Lam, Paul Celan et Gisèle Celan-Lestrange, Thierry Garrel, Jean Carteret, le poète Claude Tarnaud, l'artiste Béatrice de la Sablière, qui fut sa compagne de 1952 à 1955, elle-même également liée à Tarnaud et au poète Stanislas Rodanski. Il poursuit ses activités artistiques multiples et en particulier ses réalisations graphiques parmi lesquelles les « cubomanies », commencées dès 1945, sont remarquables. Il s'agit d'une sorte de collage, obtenu en découpant de manière régulière une image donnée en fragments carrés et en recollant aléatoirement les morceaux, selon une conception toute personnelle du hasard objectif. Linda Lê le décrit comme « irréconciliable, il ne se conformait qu'à une règle : rester à l'écart, ne pas se mêler à la tourbe des fauves aux dents longues. »5
Il parle le yiddish, le roumain, le français et l'allemand et devient un poète francophone reconnu, dont les récitals (selon son propre terme), qu'il initie dans les années 1960, ne laissent personne indifférent.
Son ami et complice Jacques Hérold, peintre, placarde sur les murs de Paris, peu avant mai 68, une liste de tableaux imaginée pour lui par André Breton et des poèmes de Ghérasim Luca.
À partir de 1973, les philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari lui rendent hommage, en soulignant à quel point son « bégaiement » renouvelle la poésie, en portant le langage aux limites et en taillant « dans sa langue une langue étrangère »6. Également, sa « position non-œdipienne », son « auto-détermination » comme re-création de soi, bien avant L'Anti-Œdipe, ne pouvaient, à la suite d'Artaud, que retenir l'attention des deux philosophes. Deleuze le cite dans ses dialogues avec Claire Parnet et en parle comme d'« un grand poète parmi les plus grands »7.
Dans une sorte de transe verbale, qui tient autant du rituel que de l'exercice spirituel, « à gorge dénouée »8, Ghérasim Luca lit lui-même ses poèmes, lesquels proposent une écriture d'une très grande complexité dont la volubilité et la retenue font les deux modalités contradictoires mais toujours associées. Tantôt participant à des cycles ou à des projets de livre, chaque poème est minutieusement organisé jusqu'à sa typographie en utilisant le jeu des pages, tenant ainsi au plus fort du livre une oralité de l'écriture pleine de rythme : « je m'oralise », écrit-il. Son travail manifeste, depuis le début, une véritable obsession de la mort sous toutes ses formes tout en recherchant le plus vivant du langage jusque dans l'écriture de mots-valises et de formes syntaxiques défaisant tout académisme langagier pour inventer une véritable « cabale phonétique », une langue riche de nouvelles relations. Exemple le plus célèbre de ce « tangage de la langue »9, le poème Passionnément (1947)10 constitue à lui seul une prouesse remarquable, formidable cri de vie et d'amour, puisqu'il (ré)invente l'amour en tenant politique, éthique et poétique d'un même souffle loin de toutes les dichotomies habituelles (lyrisme/objectivisme ou intime/public, etc.). Évoquant son « parler apatride », André Velter écrit qu’il outrepasse les codes de sa langue d’adoption, « homme de nulle part enfin, il parle ici une langue tout à fait sienne qui excède autant le bon goût des linguistes et des grammairiens que le bon style des littérateurs, la bonne pensée des idéologues ou les bonnes mœurs des tenants de l’ordre grégaire. »11
Dans la tradition kabbalistique du langage, toute son œuvre participe d'une mise en mouvement de la langue, des idées et du corps, indissociablement liés dans un tourbillon d'érotisation générale : une « orgie de mots », qui cherche à « prendre corps » (Paralipomènes). Une manière explosive d'affoler le langage, et de le mettre en état de métamorphoses et mouvement permanent. Ghérasim Luca se livre en effet à une radicale pensée et réinvention du langage, au sens d'un corps-langage, pris dans une incessante « morphologie de la métamorphose » (titre d'un poème dans Héros-Limite)12, qui vise à mettre en mouvement toute la métaphysique : c'est ainsi que le poème « Quart d'heure de culture métaphysique »13 témoigne d'une sortie, à la fois douloureuse et jubilatoire, de la culture métaphysique, une physique du langage contre « le grand tout métaphysique »14. Définitivement « hors la loi », le poète Luca est ce « héros-limite » dont la vie et le cheminement poétique se résument dans un refus de toutes les limites, identités, essences, modes, idéologies, patries, de tous les académismes, enfermements, qu'ils soient politiques, éthiques, religieux, rhétoriques, selon sa formule : « comment s'en sortir sans sortir »15. Vincent Teixeira précise ainsi l'insoumission du poète : « Luca est de ces irréductibles enragés, aventuriers de l'esprit et aventuriers du langage, qui refusent toute allégeance, toute compromission avec les mensonges idéologiques, même tacites, mollement consensuels, les innombrables conformismes et entreprises de normalisation et asservissement des corps et des esprits, bref un refus du monde tel qu'il est ou tel qu'on voudrait nous faire croire qu'il est. Un refus barbare, contre toutes les barbaries de l'histoire »16.
À l'écart de tout mouvement ou école, contre les langages et les corps instrumentalisés, sa poésie apparaît ainsi comme une tentative théâtrale d'inventer un langage inconnu (que symbolisent par exemple les titres Le Chant de la carpe ou Théâtre de bouche), l'invention d'une langue et d'un vivre, et conjointement une réinvention de l'amour et du monde, car selon lui « tout doit être réinventé »17. La poésie, le rêve, l'amour et la révolution ne font qu'un, puisque dire le poème, dire le mot consiste à dire le monde : « gRÈVE / GÉNÉRALe / sans fin / ni commencement / LA POÉSIE / SANS LANGUE / LA RÉVOLUTION / SANS PERSONNE / L’AMOUR / SANS / FIN »18. Dans cette expérience qui tient la poésie et la vie au plus vif, le désespoir est surmonté par « l'appel d'air du rire / à mourir de fou rire »19. Selon lui, avec autant de jouissance que de révolte, autant d'humour que de désespoir, la poésie est une aventure humaine, qui engage le devenir de l'homme et du monde, non pour divertir, mais pour changer le monde, puisqu'« une lettre, c'est l'être lui-même », dit Ghérasim Luca.
Marguerite Bonnet n'ayant pas réussi à persuader Gallimard d'éditer ses textes, à partir de 1985, ce sont les Éditions José Corti qui rééditent certains de ses anciens livres, à commencer par les trois parus aux Éditions Le Soleil noir, et publient ensuite les inédits. Pour tous ses livres édités, Ghérasim Luca apportait un soin extrême à la « physique » du livre, au format, comme à la disposition de chaque poème.
À la fin des années quatre-vingt, l'atelier dans lequel il vit, rue Joseph-de-Maistre est jugé insalubre par l'administration, et il est alors expulsé et contraint de l'évacuer. Pour obtenir d’être relogé, il doit justifier d’une explicite appartenance nationale ; lui qui se considérait, depuis toujours, comme apatride devra alors se résoudre, contraint et forcé, à être naturalisé français, épousant par la même occasion sa compagne, Micheline Catty, en 1990. Ajoutés au poids des brimades passées et à la hantise des idéologies raciste et antisémite, ce déménagement forcé (dans un appartement de la rue Boyer, dans le 20e arrondissement) et cette obligation administrative l'affectèrent profondément, participant à l'assombrissement des dernières années de sa vie.
En 1994, fidèle à sa pensée dans son droit absolu à cette ultime décision (exprimé notamment dans La Mort morte, qui semble sceller son « destin-suicide »), comme dans son refus d'obéir à un destin biologique, il met fin à ses jours, « puisqu'il n'y a plus de place pour les poètes dans ce monde », comme il l'écrit dans une lettre d'adieu qu'il laisse à sa compagne. Comme Paul Celan 24 ans plus tôt, il se suicide en se jetant dans la Seine le 9 février ; son corps sera retrouvé le 10 mars20.
Postérité
Son ami le photographe Gilles Ehrmann lui a rendu hommage avec La Maison d'yeux (1994).
Il avait passé quarante ans en France sans papiers et « apatride », allant chaque année à la Préfecture de police pour renouveler son permis de séjour, avant d'obtenir vers la fin de sa vie la nationalité française. À partir de 1955, il vécut avec la peintre Micheline Catti qu'il épousa par la suite. Elle a participé à certains de ses plus beaux ouvrages dans lesquels graphismes et textes se conjuguent.
Son influence a fécondé, de son vivant, des poètes comme Serge Pey, Jean-Pierre Verheggen, Joël Hubaut, Olivier Cadiot, Julien Blaine, Serge Ritman ou Christophe Tarkos, et elle ne cesse de grandir, comme en témoignent les récentes adaptations de son œuvre au théâtre et les nombreuses études qui paraissent sur son œuvre et sur lui.
En 2012, le chanteur français Arthur H met en musique son poème Prendre corps et Christophe Chassol, un extrait de son poème Passionnément.
En mai 2016 la revue Europe a consacré son no 1045 (dirigé par Serge Martin) à Ghérasim Luca.
Dans le cadre de la Saison France-Roumanie, une exposition intitulée « Ghérasim Luca - Héros-limite » lui est consacrée au Centre Pompidou du 28 novembre 2018 au 7 janvier 2019, à partir de la donation exceptionnelle consentie par Micheline Catti-Ghérasim Luca auprès du Musée national d'Art moderne 21.
Œuvres
Un loup à travers une loupe, Bucarest, 1942. Poèmes en prose, publiés premièrement en roumain, puis traduits par l'auteur en français et publiés aux Éditions José Corti, Paris, 1998
L'Inventeur de l'amour suivi de La Mort morte, Bucarest, 1945. Poèmes en prose, publiés en roumain, puis traduits par l'auteur en français et publiés aux Éditions José Corti, Paris, 1994
Quantitativement aimée, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1944
Le Vampire passif, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1945. Illustré par des photographies de Théodore Brauner ; réédition, Paris, José Corti, 2001. Réédition du manuscrit en fac-similé, présentée par Petre R?ileanu et Nicolae Tzone, Bucarest, Editura Vinea, 2016
Dialectique de la dialectique, en collaboration avec Dolfi Trost, Bucarest, Éditions surréalistes, 1945
Les Orgies des Quanta, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1946
Amphitrite, mouvements sur-thaumaturgiques et non-œdipiens, Bucarest, Éditions de l’Infra-noir, 1947 ; réédition, Paris, "La maison de verre", 1996
Le Secret du vide et du plein, Bucarest, Éditions de l'Oubli, 1947 ; réédition, Paris, "La maison de verre", 1996
Héros-Limite, avec trois dessins de Jacques Hérold, Paris, Le Soleil Noir, 1953 ; réédition, 1970 ; réédition, Paris, José Corti, 1985
Ce Château Pressenti, avec une gravure de Victor Brauner, Paris, Méconnaissance, 1958. Ce poème fait partie de Un loup à travers une loupe.
La Clef, Poème-Tract, Paris, 1960
L'Extrême-Occidentale, avec 7 gravures de Jean Arp, Victor Brauner, Max Ernst, Jacques Hérold, Wifredo Lam, Roberto Matta, Dorothea Tanning, Paris, Éditions Mayer, Lausanne, 1961 ; réédition, Paris, José Corti, 2013
La Lettre, Paris, 1960
Présence de l'imperceptible, 'Vers le Non-Mental' et 'Vers la Pure Nullité', illustré par des Ponctuations de Pol Bury des années 1953-1961, Chatelet, c 1962
Le Sorcier noir, avec Jacques Hérold, Paris, 1962
Sept slogans ontophoniques, avec des gravures de Augustin Fernandez, Enrique Zanartu, Gisèle Celan-Lestrange, Jacques Hérold, Brunidor, Paris, 1963 ; réédition, Paris, José Corti, 2008
Poésie élémentaire, Éditions Brunidor, Vaduz, Liechtenstein, 1966
Apostroph'Apocalypse, avec 14 gravures de Wifredo Lam, Milan, Éditions Upiglio, 1967
Sisyphe Géomètre, avec une sculpture électrique de Piotr Kowalski à partir de bulles de verre renfermant des gaz rares, Paris, Éditions Claude Givaudan, 1967
Droit de regard sur les idées, Paris, Brunidor, 1967
Déférés devant un tribunal d'exception, Paris, 1968
Dé-Monologue, avec des gravures de Micheline Catty, Paris, Brunidor, 1969, repris dans Paralipomènes
La Fin du monde, avec un frontispice de Micheline Catty et 5 dessins de Ghérasim Luca, Paris, Éditions Petitthory, 1969
Le Tourbillon qui repose, Critique et Histoire, 1973
Le Chant de la carpe, Paris, Le Soleil Noir, 1973 avec un disque de sa voix et une sculpture en verre et miroirs de Piotr Kowalski ; réédition, Paris, José Corti, 1985
Présence de l'imperceptible, Franz Jacob, Châtelet, illustré d'œuvres de Pol Bury, sans date
Paralipomènes, avec un objet "cubomanie" du poète, Paris, Le Soleil Noir, 1976 ; réédition, Paris, José Corti, 1986
Théâtre de Bouche, avec des gravures et 9 dessins de Micheline Catty, Paris, Criapl'e, 1984 ; réédition, Paris, José Corti, 1987
Satyre et Satrape, Barlfeur, Éditions de la CREM, 1987
« Argol. Comme un monologue à peine dirigé », dans Qui vive ? Autour de Julien Gracq (recueil de textes de 29 écrivains consacrés à Julien Gracq), Paris, Éditions José Corti, 1989.
La proie s'ombre, Paris, Éditions José Corti, 1991
Le Cri, Paris, Éditions Au fil de l'encre, 1995
La voici la voie silanxieuse, Paris, Éditions José Corti, 1997
Levée d'écrou, Paris, Éditions José Corti, 2003
Le chat double pain trouble..., illustré par Victor Brauner, Paris, Éditions Les loups sont fâchés, 2005
...pour quelques amis lointains..., Correspondance avec Tilo Wenner, Paris, Éditions des Cendres, 2015
La Paupière philosophale, Paris, Éditions José Corti, 2016 (poème éponyme précédemment édité dans Le Chant de la carpe
Je m'oralise, Paris, Éditions José Corti, 2018 (fac-similé d'un manuscrit, composé entre 1964 et 1968, faisant alterner des poèmes et des dessins constitués de points)
Performances
1967 : Stockholm, Moderna Museet
1968 : Vaduz, Aula der Volksschule
1969 : Paris, Musée d'Art Moderne
1970 : Paris, Atelier de création radiophonique
1971 : Paris, Galerie Albertus Magnus
1973 : Stockholm, Franska Institut
1975 : Paris, Musée d’Art Moderne
1977 : Sceaux, Les Gémeaux
1977 : Paris, La Hune
1981 : Paris, Centre Georges Pompidou
1984 : New York, Polyphonix 07, Museum of Modern Art
1984 : New York, La Maison française, New York University & Columbia University
1984 : San Francisco, International Festival of Language and Performance
1985 : Oslo, 1er Festival International de Poésie
1986 : Villeneuve d’Ascq, Musée d’Art Moderne
1986 : Paris, Polyphonix 10, Galerie Lara Vincy
1987 : Paris, Polyphonix 11, "La Revue parlée", Centre Georges Pompidou
1988 : Genève
1989 : Rencontres internationales de poésie contemporaine, Tarascon.
1991 : Paris, Centre Georges Pompidou
1991 : Marseille, Centre international de poésie (cipM)
Monographies, dossiers et articles
Par ordre alphabétique
Sarane Alexandrian, « Le poète sans repentir », Supérieur Inconnu, no 5,? octobre-décembre 1996.
Sarane Alexandrian (trad. Nicolae Tzone, Ioan Prigoreanu et Marilena Munteanu), L'Évolution de Gherasim Luca à Paris, 2006.
Pierrick Brient, « L'insistance sur l'homophonie chez Gherasim Luca. Création poétique et association libre », Le Coq Héron, no 189,? 2008.
Dominique Carlat, Ghérasim Luca l'intempestif, Paris, José Corti, 2001.
Collectif, L'Aimance - Charles Duits - Gherasim Luca, revue bimestrielle Poésie94, no 53, juin 1994.
Charlène Clonts, « Les synesthésies dans les cubomanies et l'écriture poétique de Gherasim Luca », dans Ekphrasis, no 7, Université Babes-Bolai de Cluj-Napoca, Editura Accent, Cluj-Napoca, juin 2012.
Charlène Clonts, « Ghérasim Luca et ses fleurs du mal », dans Caietele avangardei, no 2, Muzeului National al Literaturii Române, Bucuresti, décembre 2013.
Charlène Clonts, « Je m'oralise : Gherasim Luca et le Théâtre de bouche », dans Mélusine - Cahiers du centre de recherches sur le surréalisme, n°XXXIV, L'Âge d'Homme, février 2014.
Charlène Clonts, « Ghérasim Luca et la vie dans le vide », dans L'Hétérogène dans les littératures de langue française, Paris, L'Harmattan, 2015.
Benoît Decron (éd.), Ghérasim Luca, Cahiers de l'Abbaye Sainte-Croix, no 110, Les Sables d'Olonne - Marseille - Saint-Yrieix-la-Perche, 2008, 2009.
Comprend des textes de Nicoleta manucu, Charles Soubeyran, Thierry Garrel, Aurélia Gibus, Benoît Decron ainsi que les reproductions de 77 cubomanies et quelques photographies.
Patrice Delbourg, « Ghérasim Luca, bégayeur des nuées », dans Les désemparés - 53 portraits d'écrivains, Paris, Le Castor astral, 1996, p. 141-142.
Gilles Deleuze, « Bégaya-t-il », dans Critique et clinique (p. 135-143), Paris, Minuit, 1993.
Gilles Deleuze, Un Manifeste de moins (p. 108-109), Paris, Minuit, 2004 (in Superpositions, écrit avec Carmelo Bene).
Pierre Dhainaut, « À gorge dénouée », La Quinzaine littéraire, no 178, janvier 1977.
Rémi Froger, « Intonation, détonation », Dossier Ghérasim Luca, Fusées, no 7, 2003, avec un texte inédit de Luca : V'ivre au m'onde.
Hyperion, Numéro spécial Ghérasim Luca, Volume VII, no 3, octobre 2013.
Nicole Manucu, De Tristan Tzara à Ghérasim Luca. Impulsions des modernités roumaines au sein de l'avant-garde européenne, Paris, Honoré Champion, 2014.
Serge Martin (dir.) : Avec Ghérasim Luca passionnément, Saint-Benoît-du-Sault, éditions Tarabuste (supplément à la revue Triages), 2005.
Reprend les actes de la journée d'étude Ghérasim Luca à gorge dénouée organisée à l'Université de Cergy-Pontoise le 10 décembre 2004. Comprend les communications de Serge Martin, Laurent Mourey, Daniel Delas, Julian Toma, Zéno Bianu, Elke de Rijcke, Nicoletta Manucu, Patrick Quillier, Cendrine Varet, Oriane Barbey, Philippe Païni, Marie Cosnefroy-Dollé, Patrick Fontana et une bibliographie exhaustive réalisée par Cendrine Varet et Serge Martin.
Serge Martin, « Écouter l’indicible avec les poèmes de Ghérasim Luca », dans Interférences littéraires, nouvelle série, no 4, « Indicible et littérarité », dir. Lauriane Sable, mai 2010.
Serge Martin (dir.) : Ghérasim Luca, Europe, no 1045, mai 2016 : textes de Ghérasim Luca, contributions de Patrick Beurard-Valdoye, Dominique Carlat, Charlène Clonts, Pierre Dhainaut, Bertrand Fillaudeau, Patrick Fontana, Anne Foucault, Thierry Garrel, Joël Gayraud, Bernard Heidsieck, Nicole Manucu, Serge Martin, Alice Massénat, Laurent Mourey, Jean-Jacques Lebel, Sibylle Orlandi, Charles Pennequin, Sébastian Reichmann, Alfredo Riponi, Vincent Teixeira, Iulian Toma, Monique Yaari.
Serge Martin, Ghérasim Luca, une voix inflammable, Saint Benoît du Sault, éditions Tarabuste, 2018, 236 p.
Sibylle Orlandi, « Les signes en jeu : surgissement et opacification dans les créations poétiques et plastiques de Ghérasim Luca », Thèse de doctorat Lettres et Arts Lyon 2, 2015 (dir. Dominique Carlat). http://www.theses.fr/2015LYO20083.
Petre R?ileanu, Gherasim Luca, Paris, Oxus, coll. « Les étrangers de Paris - Les Roumains de Paris », 2004.
Petre R?ileanu, « Le Vampire passif, un nouvel ordre poétique du monde », dans la réédition du manuscrit en fac-similé du Vampire passif, présentée par Petre R?ileanu et Nicolae Tzone, Bucarest, Editura Vinea, 2016, p. 393-438.
Petre R?ileanu, Les avant-gardes en Roumanie. La charrette et le cheval-vapeur, Paris, éditions Non Lieu, 2018, 220 p., 200 illustrations couleurs.
Vincent Teixeira, « Le tangage de la langue de Ghérasim Luca - Une écriture du trou dans le tout », Fukuoka University Review of Literature and Humanities (Japon), no 154, décembre 2007.
Vincent Teixeira, « Ghérasim Luca, héros limite de la poésie française », Fukuoka University Review of Literature and Humanities (Japon), no 152, juin 2007.
Vincent Teixeira, « Des écrivains de nulle part. Ces autres "français" venus d'ailleurs », Fukuoka University Review of Literature and Humanities (Japon), no 150, décembre 2006.
Vincent Teixeira, « De Rimbaud à Luca - des voies silencieuses ? », Le silence, revue Alkemie, no 13, Paris, Classiques Garnier, 2014.
Iulian Toma, Gherasim Luca ou l'intransigeante passion d'être, préface de Jacqueline Chénieux-Gendron, Paris, Honoré Champion, 2012.
Yannick Torlini, Ghérasim Luca, le poète de la voix : ontologie et érotisme, Paris, L'Harmattan, 2011.
André Velter, Ghérasim Luca passio passionnément, Paris, Jean-Michel Place, 2001.
Monique Yaari (dir.), Infra-Noir, un et multiple : un groupe surréaliste entre Bucarest et Paris, 1945-1947, Oxford, Éditions Peter Lang, 2014.
Discographie et Filmographie
Bain de sang, Ghérasim Luca lit 3 poèmes au MoMA, New York, octobre 1984 (ADLM, 1998).
Ghérasim Luca par Ghérasim Luca, double CD contenant 17 poèmes récités, José Corti / Héros-Limite, 2001.
Comment s'en sortir sans sortir, « Récital télévisuel » dans lequel Ghérasim Luca dit huit poèmes, réalisé par Raoul Sangla, La Sept/CDN/FR3, 1989; rééd., en DVD, accompagnée d'un livret reprenant tous les textes, José Corti éditeur, 2008.
Two Poems, « Autres secrets du vide et du plein » (1971) / « Crimes sens initiales » [sic] (1972). Disque 33? tours : Alga Marghen, Plana-L 18VocSon065, 2009.
Notes
? Iulian Toma, Gherasim Luca ou l'intransigeante passion d'être, préface de Jacqueline Chénieux-Gendron, Honoré Champion, 2012, p. 43.
? C'est dans cette collection que fut publié pour la première fois le célèbre poème « Passionnément », Infra-Noir, Bucarest, 1947 ; rééd. « La maison de verre », Paris, 1996.
? Dominique Carlat, Gherasim Luca l'intempestif, José Corti, Paris, 1998, p. 27.
? Cf. Serge Martin, « Ghérasim Luca, sur la corde sans fin ni commencement », dans Ghérasim Luca, Europe, no 1045, mai 2016, p. 3-17.
? Linda Lê, Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau, Éditions Christian Bourgois, Paris, 2009, p. 107.
? Gilles Deleuze écrit dans « Bégaya-t-il » : « Si la parole de Ghérasim Luca est éminemment poétique, c'est parce qu'il fait du bégaiement un affect de la langue, non pas une affection de la parole. C'est toute la langue qui file et varie pour dégager un bloc sonore ultime, un seul souffle à la limite du cri "je t'aime passionnément". », Critique et clinique, Éditions de Minuit, Paris, 1993, p. 139.
? Gilles Deleuze, Dialogues avec Claire Parnet, Paris, Flammarion, 1977, p. 10.
? « À gorge dénouée » dans Le Chant de la carpe, José Corti, Paris, 1986, p. 99-104.
? Le Tangage de ma langue, dans Ghérasim Luca par Ghérasim Luca, double CD audio regroupant des enregistrements en récitals et privés, direction artistique : Nadèjda et Thierry Garrel, José Corti, Paris, 2001.
? Le Chant de la carpe, p. 87-94.
? André Velter, « Parler apatride », Préface à G. Luca, Héros-Limite, Gallimard, coll. « Poésie », Paris, 2002, p. VII.
? « La Morphologie de la Métamorphose » dans Héros-Limite, José Corti, Paris, 1985, p. 61-64.
? Le Chant de la carpe, p. 9-15.
? Héros-Limite, p. 19.
? « Apostroph’Apocalypse », Paralipomènes, José Corti, Paris, 1986, p. 82.
? Vincent Teixeira, « Un barbare dans les Lettres françaises », dans Ghérasim Luca, Europe, dir. Serge Martin, no 1045, mai 2016, p. 110.
? « Tout doit être réinventé / il n'y a plus rien au monde », L'Inventeur de l'amour, José Corti, Paris, 1994, p. 11.
? « gRÈVE GÉNÉRALe » dans La Proie s'ombre, José Corti, Paris, 1991, p. 45-55.
? « Le verbe » dans Le Chant de la carpe, p. 164.
? Linda Lê, Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau, p. 109
? « Ghérasim Luca - Héros-limite », Centre Pompidou [archive]