Vielfaure Jean-Pierre
Son père libraire, papetier et imprimeur, et sa mère musicienne lui transmettront le gout pour l'impression, le livre, la lecture, l’écriture et le dessin.
La famille quitte l'Algérie en 1938 pour Rodez où Jean-Pierre commence à dessiner en autodidacte.
Première exposition, des dessins sur le thème des Paysages du Rouergue, en 1950 à Rodez. De ces années aveyronnaises, notre artiste se souvient de ses admirations pour Max Ernst, Robert Motherwell et Gustav Klimt, de ses rencontres avec Pierre Soulages.
En 1952, il s’installe à Paris entre Éméville (Oise) et Montparnasse.
Une rencontre fort marquante pour Jean-Pierre Vielfaure est en 1956 celle du peintre allemand Carl Buchheister (1890-1964) qu'il va désigner comme étant picturalement son père spirituel et qu'il va héberger à Éméville durant six mois de chaque année. C.Buchheister fut un très proche ami de Wassily Kandinsky, de Theo van Doesburg et de Kurt Schwitters, il retient surtout des deux derniers « les constructions géométriques non exclusives » et les « collages d'esprit surréaliste », tandis que sa propre appartenance à l'École de Hanovre est lisible par sa propension à « découper ses toiles, par des lignes, en aplats de couleurs vives ». Et selon Jacques Busse encore, de définir ce qu'est la finalité picturale de Buchheister, que Vielfaure va donc revendiquer comme sienne : « tenter de concrétiser la synthèse d'éléments apparemment hétérogènes, concilier une construction géométrique du plan avec une poétique gestuelle de l'informel sans renoncer à un recours amusé aux matériaux post-dadaïstes des collages ».
En 1958, Jean-Pierre Vielfaure se lie d'amitié avec Édouard Jaguer et rejoint le mouvement Phases. Jean-Pierre Vielfaure et Wifredo Lam pour la lithographie, Remo Martini pour le bois gravé, assurent l'illustration du dixième numéro en 1965 de cette revue bibliophilique à tirage limité, intitulée
Phases - Cahiers internationaux de recherches littéraires et plastiques (éd. Paul Facchetti).
En rejoignant en 1965 le groupe Inter, constitué par des artistes majoritairement de Scandinavie,
Jean-Pierre Vielfaure ouvre avec la ville de Copenhague une longue relation, tant par les séjours et les expositions que par les éditions de son œuvre gravée.
C'est entre 1968 et 1971, alors que dans le même temps il contribue aux illustrations du magazine Rock & Folk, que Jean-Pierre Vielfaure entreprend son œuvre « monumentale » intitulée Opéra Civilisation, suite de soixante-douze tableaux (collages, acrylique, technique mixte) juxtaposés en une longueur de quarante-deux mètres où, commente Sébastien Moinet-Béchar, « est évoqué le récit historique, idéologique et artistique de notre civilisation, de la création du monde à notre futur inconnu ».
1970 est pour Vielfaure l'année d'un long séjour en Laponie, et à Ibiza. Ces retours sur l'île lui inspirent la série de plus de cinquante toiles (1970-1973) uniformément intitulées Les portes d'Ibiza, exposées successivement à Ibiza, Copenhague et Helsinki en 1973. Son premier et long séjour à New York et au Canada en 1977 donne lieu à une suite de techniques mixtes, Journal new-yorkais, essentiellement sur papier et présentés en diptyques où voisinent écriture, collages et abstraction.
1988, installation de son atelier à Ivry-sur-Seine dans la manufacture des œillets.
Sa suite de tableaux L'appel aux esprits (2007) offre à Jean-Pierre Vielfaure de se confier sur sa propre spiritualité: « Cela a commencé en Scandinavie. Là-bas, où, en vingt-cinq ans j'ai vendu mille toiles, j'ai vu tous les musées concernant les rites chamaniques... Autodidacte, ma curiosité reste ouverte et intacte. Bien qu'élevé chez les catholiques, ma spiritualité penche plutôt du côté des chamans. Chaque chaman a sa propre spiritualité, en relation avec les nuages, ou le bois, ou tel animal. Le chamanisme est ma vraie religion. Elle ouvre sur un autre monde ».